Violences faites aux femmes : féminicides, santé mentale... 3 chiffres pour comprendre l'ampleur de ce fléau

Près d'une femme sur 4. C'est la fréquence à laquelle les victimes de violences conjugales sont en fait victimes de violences économiques. Il s'agit-là d'un phénomène documenté par les associations féministes. Parmi elles : la Fédération nationale Solidarités Femmes (FNSF), dirigée par Mine Günbay. Invitée sur RTL, la directrice insiste : "Les violences économiques sont parties prenantes des violences conjugales".

Mais à quoi correspond exactement ce type de violences ? "Ça peut être du chantage économique, ça peut être la question de la non-participation aux charges du foyer, ça peut être la question de la confiscation des biens de paiement ou même encore parfois l'interdiction d'exercer son activité professionnelle", détaille-t-elle. 

Ce type de violence est très difficile à identifier. "Parce que structurellement aussi, les couples sont dans des relations financières très inégalitaires (...) mais ce que ça nous dit c'est qu'il nous faut de réelles politiques publiques de lutte contre les inégalités sociales entre les femmes et les hommes", poursuit Mine Günbay. Au-delà des violences économiques, la FNSF met en lumière dans son étude la prévalence des viols conjugaux qui constituent aujourd'hui un grand nombre d'appels passés à son numéro d'écoute, le 3919. 

Les appels au 3919 en hausse pour les viols conjugaux

La Fédération nationale Solidarités Femmes dresse également un portrait alarmant du phénomène des violences sexuelles faites aux femmes. Dans un communiqué, l'organisation en charge d'administrer le 3919 souligne une hausse des sollicitations dénonçant des faits de viols conjugaux.

Ces violences sexuelles qui interviennent au sein-même du couple démontrent également la prévalence des violences faites aux femmes dans leur entourage proche. "En 2023, 14% des femmes victimes de violences conjugales font mention de violences sexuelles, et parmi elles, 67% dénoncent des viols conjugaux. L'Observatoire [du 3919] note une hausse de 7 points par rapport à 2022 et 2021", explique l'association dans un communiqué.

En pleine période de réquisitions dans l'affaire Pélicot, les projecteurs sont aujourd'hui braqués sur les violences sexuelles dans le couple. Une actualité, qui comme le mouvement #MeToo et ses échos, "permettent de continuer à lever le voile sur un tabou encore très résistant autour des violences sexuelles par le partenaire", conclut le rapport.

85.000 femmes tuées dans le monde

Selon une étude de l'ONU également publiée ce lundi 25 novembre, au moins 85.000 femmes et jeunes filles ont été tuées de manière intentionnelle dans le monde en 2023. "Un niveau alarmant", souligne l'organisation internationale. D'autant plus que ces meurtres pourraient être "évités", au vu des signalements et des plaintes déposées par les victimes.

"La maison reste l'endroit le plus dangereux" pour les femmes, insiste l'ONU :  60% d'entre elles ayant été victimes de "leur conjoint ou d'autres membres de leur famille". Soit 140 chaque jour ou une toutes les 10 minutes. Ce phénomène "dépasse les frontières, touche toutes les catégories sociales et groupes d'âge", les Caraïbes, l'Amérique centrale et l'Afrique étant les régions les plus touchées devant l'Asie. 

Dans les régions où il est possible d'établir une tendance, le taux de féminicides a stagné ou décliné seulement légèrement depuis 2010, démontrant que cette forme de violence "est enracinée dans les pratiques et normes" et est difficile à éradiquer, note l'agence qui a analysé les chiffres recueillis dans 107 pays. En France, les chiffres officiels font état de 93 féminicides en 2023. Les associations, qui ne se contentent pas de recenser les féminicides dits "conjugaux" en décomptent 194.

76% des jeunes femmes disent ressentir un niveau de stress ordinaire élevé

Au-delà des violences physiques, le sexisme et la misogynie ordinaires à laquelle sont exposées les femmes ont un impact direct sur leur santé mentale. C'est la conclusion d'une étude de l'Ifop pour I am strong réalisée sur un échantillon représentatif de 1.303 jeunes, et publiée à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. 

Selon l'institut de sondage le résultat est "sans appel". Dévalorisation de soi, pensées suicidaires, stress et anxiété chroniques... Les jeunes femmes sont davantage sujettes aux troubles psychologiques. Cela semble notamment dû à l'environnement patriarcal et sexiste dans lequel elles évoluent. "Seules 48% des jeunes filles pensent avoir 'de la chance de vivre à l'époque actuelle' contre 61% des hommes" et "68% des adolescentes de 14 à 15 ans se disent aujourd’hui 'écœurées par ce qu’elles voient autour d’elles', contre 49% des garçons du même âge", souligne l'institut de sondage.

Cela se traduit également au niveau individuel : 76% des jeunes femmes disent ressentir un niveau de stress ordinaire élevé, contre 61% des hommes. De même pour les troubles anxieux et dépressifs : les femmes sont 68% à déclarer avoir déjà vécu des périodes intenses d'anxiété contre 51% des hommes. Des chiffres à mettre en lumière avec la plus faible propension des hommes à poser des mots sur leurs souffrances, malgré un taux de suicide plus élevé. Comme le rappelle cet article de The Conversation, les troubles psychologiques masculins sont qualifiés par l'OMS d'"épidémie silencieuse".

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