Procès Monique Olivier : comment les enquêteurs ont arrêté Michel Fourniret et sa complice

Deux ans et demi après la mort de son ex-mari Michel Fourniret, Monique Olivier comparaît seule devant le tribunal de Nanterre depuis mardi 28 novembre, pour trois affaires d'enlèvements et de meurtres. À l'occasion du procès de l'ex-femme de "l'Ogre des Ardennes", le podcast Les Voix du Crime revient sur l'arrestation de ce couple diabolique, qui a eu lieu vingt ans plus tôt.

Le 26 juin 2003, Ciney (Belgique), Marie-Ascension, 13 ans, marche le long de la route. Soudainement, elle est alpaguée par un automobiliste qui lui demande son chemin. L'adolescente se contente de lui dicter la route à l'oral. Devant l'insistance du chauffeur, qui ne semble pas comprendre l'itinéraire à prendre, Marie-Ascension cède, et grimpe dans sa camionnette. À ce moment, elle est loin d'imaginer qu'elle vient de monter dans la voiture du tueur en série, Michel Fourniret. 

Dans Les Voix du Crime, Francis Nachbar, procureur et avocat général lors du procès de 2008, revient sur ce rapt : "Il y a un blocage des portières et de la vitre passager. Une fois qu'elle est montée, elle ne peut plus en sortir. Fourniret, aussitôt montre son véritable visage, et lui dit qu'il va la violer." Ligotée à l'arrière du véhicule, Marie-Ascension parvient à se détacher, à ouvrir les portières arrières de la camionnette, et à s'enfuir. 

Sur la route, une automobiliste remarque l'adolescente paniquée. Aussitôt, la conductrice s'arrête. Marie Ascension lui raconte la tentative d'enlèvement qu'elle vient de subir. Pendant ce temps, Michel Fourniret, qui s'est aperçu de l'absence de la jeune fille, revient sur ses pas. La conductrice et Marie Ascension prennent le temps de noter le numéro de sa plaque d'immatriculation : une initiative qui va conduire à l'arrestation de celui qu'on surnomme "l'Ogre des Ardennes".

L'identification du véhicule permet aux policiers de remonter jusqu'au domicile de Michel Fourniret, où des fouilles vont être réalisées. Chaînes, armes de poings, cagoule, masque inhalateur… Lors de la perquisition, les enquêteurs découvrent de nombreux éléments troublants.

Le suspect est alors placé en détention provisoire. Sa femme, Monique Olivier, est placée en garde à vue. "Un certain nombre d'entre nous s'étaient aperçus que Monique Olivier n'était pas du tout la femme soumise, terrorisée", se rappelle le magistrat. 

Malgré de nombreuses concomitances entres les affaires criminelles recensées, le mode opératoire des affaires, et la proximité géographique du couple lors des faits, le couple nie.

Un an plus tard, au terme d'une centaine d'interrogatoires, Monique Olivier passe aux aveux. Devant les enquêteurs, elle dévoile l'itinéraire meurtrier de son mari, et les nombreux crimes commis sur des fillettes, adolescentes et jeunes femmes, pendant 15 ans, en France et en Belgique. Face aux aveux de Monique Olivier, Michel Fourniret admettra au total avoir commis 11 meurtres, sur les vingtaines d'affaires dans lesquelles il est suspecté. 

En mai 2008, le tueur en série est condamné réclusion criminelle à perpétuité. Monique Olivier, elle, est condamnée à la perpétuité accompagnée d'une peine de sûreté de 28 ans pour quatre des meurtres et le viol en réunion d'une jeune fille. En mai 2021, le tueur en série décède, laissant alors son ex-femme seule dans le box des accusés. Le verdict du procès de Monique Olivier est attendu vendredi 15 décembre. Elle encourt de nouveau la perpétuité. 

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