Cette bottine rose sortie d'un puits, c'est "une petite flamme qui s'éteint" dans les yeux de Jean-Pierre Laville. Il est le père d'Isabelle, 17 ans, disparue le 11 décembre 1987 sur le chemin du lycée. Nous sommes en juillet 2004 à Bussy-en-Othe (Yonne), et cette bottine, c'est celle d'Isabelle.
L'expression est de Francis Nachbar, à l'époque procureur de Charleville-Mézières, qui était présent au moment de la découverte du corps. "Le père se jette dans mes bras. C'est une scène très difficile, je la revis quasiment", confie Francis Nachbar dans Les Voix du crime.
Isabelle Laville est la première victime d'une longue série de meurtres perpétrés par Michel Fourniret, avec la complicité de Monique Olivier. "Jamais je n'avais palpé d'une manière aussi réelle une telle douleur", se souvient le procureur qui a livré ses souvenirs dans son livre Ma rencontre avec le mal (Mareuil, 2023).
Michel Fourniret m'a dit : "Personne ne sortira indemne de cette affaire."
Francis Nachbar
Francis Nachbar entend parler à plusieurs reprises du couple Fourniret-Olivier, mais ne les rencontre pour la première fois qu'en juillet 2004, un an après l'arrestation du tueur en série présumé. Les enquêteurs cherchent alors les corps de deux jeunes filles au château du Sautou (Ardennes), propriété de Michel Fourniret.
"Je me force à lui serrer la main. Il me dit : 'Vous savez, monsieur le procureur, personne ne sortira indemne de cette affaire." Francis Nachbar reste encore aujourd'hui marqué par cette phrase... d'autant que la suite a donné raison à Michel Fourniret.
Mon traumatisme est réel, mais sans commune mesure avec celui des familles de victimes.
Francis Nachbar
Par la suite, Michel Fourniret va orienter les enquêteurs, parfois sur la base de fausses indications, sur les lieux où il aurait enfoui les corps de ses victimes. "Pendant deux ans, on va fouiller une cinquantaine de puits", des fouilles très éprouvantes pour le magistrat et plus encore pour les familles, qui ont l'espoir qu'on retrouve leurs proches.
"Mon traumatisme est réel, mais sans commune mesure avec celui des familles de victimes", souligne Francis Nachbar. "Leur souffrance indicible m'a aussi traumatisé. J'en ai fait des cauchemars pendant très longtemps. Encore aujourd'hui, lorsque j'en parle, j'ai parfois les larmes aux yeux", confie-t-il le visage crispé par l'émotion.
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