Affaire Fourniret-Olivier : le procureur qui a enquêté sur le couple confie son "obsession" de retrouver les corps de leurs victimes

Le 18 mars 1989 à Charleville-Mézières, Jeanne-Marie Desramault disparaît. Quelques jours plus tôt, elle a été enlevée par Michel Fourniret et Monique Olivier, qui se sont fait passer pour un couple de religieux. Elle est emmenée dans une demeure du couple à Floing (Ardennes).

Là, le tueur en série l'insulte et la jette sur son lit. Monique Olivier la bâillonne, puis son mari étrangle la jeune femme. Quelques années plus tard, alors que son corps n'a pas été retrouvé, la mère de Jeanne-Marie meurt de chagrin. "J'avais l'obsession de retrouver et d'identifier le plus de victimes possibles", raconte le procureur Francis Nachbar dans Les Voix du crime.

Le 3 juillet 2004 constitue une première avancée décisive : les enquêteurs vont fouiller le château du Sautou (Ardennes), pour la première fois en présence du couple.

J'ai l'intuition qu'il veut sincèrement nous aider

Francis Nachbar

Michel Fourniret "nous indique trois endroits pour retrouver le corps de Jeanne-Marie Desramault, et trois autres pour celui d'Elisabeth Brichet". Mais le tueur en série glisse des pièges dans ses indications.

Le directeur de l'enquête ordonne de faire creuser trois trous à gauche du chemin qui mène au château, à 1,20 mètre de profondeur. "On ne s'est pas arrêtés jusqu'à la fin de l'après-midi, sans rien trouver", se souvient Francis Nachbar.

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23/04/2025 à 02:24 - 05m42s

Le procureur général Yves Charpenel s'approche de lui : "Fourniret nous manipule, il est tard, il faut qu’on arrête." Mais Francis Nachbar n'est pas de cet avis : "J'ai l'intuition qu'il veut sincèrement nous aider."

On va fouiller une cinquantaine de puits pendant deux ans

Francis Nachbar

Le magistrat retourne voir Michel Fourniret. Lorsqu'il propose de creuser plus profond, le tueur en série présumé lui sourit : "Votre remarque n'est pas dénuée d'intérêt." Quelques minutes plus tard, les deux corps sont retrouvés.

Deux ans plus tard, enfermé avec les enquêteurs dans une salle de la gendarmerie d'Auxerre, Michel Fourniret tente à nouveau de les piéger. Sur "de grandes cartes, il note avec des ronds et des croix les puits où il a enterré des corps, et ceux où il n'y a rien", explique Francis Nachbar.

"On va fouiller une cinquantaine de puits pendant deux ans", une recherche très éprouvante. Francis Nachbar a l'idée de lancer un appel à témoignage : le maire de Bussy-en-Othe (Yonne) y répond en parlant d'un puits bouchés depuis des années dans sa commune. L'endroit est répertorié comme exclu des sélections de Fourniret, et pourtant les enquêteurs y retrouvent le corps d'Isabelle Laville, première victime du tueur en série.