3 min de lecture
Le "dossier immense" du procès Jubillar
Crédit : Patrick Tejero / RTL
Je m'abonne à la newsletter « Infos »
Près de cinq ans après la disparition de Delphine Jubillar, le procès de son mari Cédric Jubillar, accusé de meurtre, s’ouvre ce lundi 22 septembre 2025 devant la cour d'assises d'Albi (Tarn). Un procès sans corps, sans scène de crime et sans aveu. L’accusé a toujours clamé son innocence, l’infirmière n’a jamais été retrouvée, et l’affaire reste une énigme.
La vérité, c’est qu’on ne sait toujours pas comment Delphine est morte. La seule certitude c’est un créneau horaire. Un créneau de cinq heures entre 23h, l'heure où Delphine envoie un dernier message de mots doux à son amant, et 4h du matin, le moment où Cédric Jubillar donne l’alerte.
Delphine s’est évaporée dans la nuit noire sans sa voiture, sans ses papiers, sans sa carte bleue, ni ses lunettes alors qu’elle est myope. C’est le début du mystère. Cédric accueille les gendarmes chez lui avec cette phrase curieuse : "Qu’est-ce que je vais faire maintenant qu’elle n’est plus là ?".
Selon la défense de Cédric Jubillar, l’enquête s’est acharnée à faire de lui "un coupable idéal". Pourtant, toutes les pistes ont été explorées par les gendarmes : le départ volontaire, la mauvaise rencontre, l’accident. Même la piste loufoque du jihad soufflée par Cédric Jubillar, sous prétexte que l’infirmière aurait arrêté de manger du porc, ce qui a été totalement démenti par l’enquête. Des moyens considérables sont déployés : drones, hélicoptères, plongeurs pour ratisser cette région couverte de forêts, truffée d’anciennes mines. Mais Delphine reste introuvable.
Mais cela veut pas dire que Delphine Jubillar peut toujours être vivante aujourd’hui. En effet, elle n’avait aucune raison de disparaître et de laisser ses deux enfants. À l’époque, ils sont vraiment tout petits : 6 ans et un an et demi. "Son décès ne fait aucun doute", c’est ce qu’écrivent les juges d’instruction, qui en sont convaincus : Delphine a été tuée par son mari.
Mais concrètement, qu’est ce qu’il y a contre Cédric Jubillar ? Il y a d’abord des cris. Le soir de la disparition, deux voisines sortent fumer une cigarette sur leur terrasse. Elles jurent avoir entendu des cris glaçants percer la nuit. Et puis, il y a surtout le récit de Louis. Le petit garçon de Cédric et Delphine assure avoir vu ses parents se disputer vers 23h, entre le canapé et le sapin de Noël.
Les éléments matériels, eux, se comptent sur les doigts de la main : Les lunettes roses de Delphine brisées en trois morceaux, une branche a été retrouvée derrière le canapé, la voiture de Delphine garée dans un sens la veille, dans l’autre, selon un voisin, le lendemain, et pourquoi est-ce que Cédric Jubillar a éteint son portable une grande partie de la nuit, alors même que ça ne lui arrive quasiment jamais ? Tous ces éléments mis bout à bout font un faisceau d’éléments troublants, mais aucune preuve irréfutable.
Dans ce procès, tout est possible, y compris un acquittement. Le dossier est immense : 15.000 pages, chaque détail va être une bataille. Son côté vantard peut jouer contre lui. Il a d'ailleurs accepté de se faire photographier et filmer ce matin à l'ouverture du procès. Ce qui pourrait jouer aussi contre lui, c'est ce qu’un avocat dans ce dossier appelle les "jubillarderies". C’est le paradoxe hein de celui qui a toujours nié ce meurtre et qui passe pourtant son temps à faire des déclarations pour le moins déroutantes.
Avant la disparition, alors que Delphine s’apprête à le quitter, il dit par exemple à sa mère : "Je vais la tuer, je vais l'enterrer et personne ne la retrouvera". Puis en détention, un codétenu et sa dernière petite amie en date assurent que Cédric leur a fait des confidences, des confidences hallucinantes sur la façon dont il aurait tué Delphine. Ces témoins sont attendus de pied ferme à la cour d’assises. Alors que vont en penser les jurés ? Ils ont quatre semaines pour se forger une intime conviction.
La ville d'Albi, où se déroulera le procès, a en tête un précédent, une affaire étrangement similaire : l’affaire Viguier. Elle avait été jugée en appel dans ce même palais de justice. Suzanne Viguier s’est volatilisée à l’hiver 2000. Comme Delphine, elle avait un amant et voulait divorcer. Comme Delphine, son corps n’a jamais été retrouvé. Son mari, l’éminent professeur de droit, Jacques Viguier, a été acquitté.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte