On se souvient tous de cet incendie géant qui dévastait le Var au coeur du mois d'août : 7.000 hectares de forêts ont été ravagés par les flammes dans le très précieux Massif des Maures. Le bilan est lourd, deux morts sur la commune de Grimaux, une trentaine de blessés dans le département, des maisons détruites et un traumatisme psychologique immense pour les habitants de la région. Ce lundi, RTL retourne dans la zone du feu, aux côtés des enquêteurs de la cellule des causes de l'incendie qui doivent trouver le point de départ de ce feu, dans l'immense zone brûlée.
"On va arriver sur la zone de départ", explique l'adjudant-chef Christophe, dont la voiture s'engouffre dans un pays lunaire. Ce technicien d'identification criminelle était l'un des premiers à arriver sur place le 16 août dernier. Dans la forêt dévastée, il retrouve le lieutenant Michel, sapeur-pompier du Var. Les deux hommes sont membres d’une cellule d’enquête spécialisée, baptisée RCCI : Recherche des causes et circonstances d’un incendie. 25 hommes, forestiers, pompiers et gendarmes, la composent, ils ont trouvé le point de départ du feu géant.
On est sur un feu d'origine humaine, on est catégorique
Le lieutenant Michel
"Sur cet arbre-là, on peut voir qu'il y a une partie verte qui fait face au grillage, une partie brulée en hauteur qui est la ligne de carbonisation. Ça nous indique un feu qui viendrait du fond là-bas", explique l'adjudant-chef Christophe. Au fond là-bas, c’est l’aire d’autoroute de Gonfaron, zone la plus probable du départ, confirmée par d'autres indices.
Chacun d'entre eux est marqué par un petit drapeau métallique. Ils indiquent le sens de propagation des flammes et réduisent la zone de recherches : un travail digne d'archéologues. "Il y a des objets qui ont été saisis et placés sous le domaine justice, en l'occurrence des mégots. On est sur un feu d'origine humaine, on est catégorique", précise le lieutenant Michel.
L'acte de négligence laisse en effet peu de doute. Des expertises sont en cours sur les mégots découverts, à la recherche d'empreintes potentielles. En outre, l'enquête pour retrouver le ou les responsables est sur le haut de la pile des dossiers du procureur de Draguignan. En effet, un appel à témoins a été lancé très tôt, deux juges d'instruction pilotent les investigations, et six gendarmes constituent la cellule d'enquête Héphaïstos 83.
"Il y a des gens qui ont tout perdu dans cet incendie, c'est donc pour nous une enquête prioritaire", assure le procureur de la république de Draguignan, Patrice Camberou, qui détaille le travail de fourmi des enquêteurs. "C'est très compliqué de déterminer qui a pu jeter ses mégots, si ce sont bien les mégots qui sont à l'origine du feu, il faut déterminer quelles voitures sont passées par là en visionnant les vidéosurveillances, en visualisant les passages devant les radars, en croisant les données du trafic cellulaire et la visualisation des véhicules qui passent par là pour peut-être déterminer qui était à cet endroit-là à ce moment-là vers 17h30 lorsque l'incendie a été déclenché".
Le procureur a ouvert une information judiciaire pour incendie involontaire par violation d'une obligation de prudence. Sanctions à la clé : dix ans de prison maximum et 150.000 euros d'amende, car l'incendie a tué deux personnes. Et le préjudice psychologique dans la région est immense, et particulièrement pour les habitants du hameau du Val de Jilly, sur la commune de Grimaud. Deux personnes sont mortes dans ce petit village et six maisons ont été entièrement détruites. Tous ici attendent avec impatience les résultats de l'enquête, mais Patrice Camberou a prévenu, il faudra encore des semaines d'investigation, des mois pour déterminer le préjudice total et des années pour soigner le traumatisme.