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Féminicide : pourquoi le nom d'Ahlam Sehili restera dans l'histoire judiciaire

PODCAST - Le 17 avril 2010, Ahlam Sehili est retrouvée morte dans l'appartement où elle vit avec son fils de 2 mois et son mari. Onze ans après, l’État est condamné pour "dysfonctionnement du service public de la justice", une première en France.

Hager et Alham Sehili en voiture.

Crédit : Hager Sehili

79. Féminicide d'Ahlam Sehili : comment sa sœur s'est battue "par amour" pour faire condamner l'État

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Hager Sehili s'était faite une promesse : rendre justice à sa sœur Ahlam, tuée en avril 2010 par son mari, qui s'est défenestré ensuite. Lorsque que le suspect d'un crime est mort, il ne peut pas être poursuivi. Dès lors, comment tenir parole ?

La veille du meurtre, un policier refuse d'enregistrer la plainte d'Ahlam pour "violences conjugales". Hager Sehili a porté plainte et n'a jamais lâché. En mars 2021, l'État français est condamné pour "dysfonctionnement du service public de la justice". "Pour moi, avec la condamnation de l'État, c'était bon, j'avais rendu justice à ma sœur."

Au moment de l'apprendre, Hager Sehili ne sait pas que cette décision est inédite. "En janvier, un journaliste de Rue89 que j'avais rencontré quelques mois plus tôt m'appelle en me disant : 'Vous êtes au courant que c'est la première fois ?' Je lui dis que je ne savais pas du tout", raconte-elle dans Les voix du crime.

Son nom va rester à vie affilié à cette première condamnation

Hager Sehili

En 2010, le terme de "féminicide" n'est pas encore entré dans le débat public. La condamnation historique de l'État marque aussi la prise de conscience judiciaire et sociétale de ce phénomène. "Avant, on se dit que ça n'arrive qu'aux autres. Après, quand ça nous touche, on se sent hyper seul, c'est contradictoire", souligne Hager Sehili.

Aujourd'hui, la sœur d'Ahlam est fière de son combat pour obtenir justice. "Je suis d'autant plus fière que son nom va rester à vie affilié à cette première condamnation. Quand on va parler de la première condamnation de l’État pour dysfonctionnement des services publics, de la justice, on va parler d'Ahlam."

Hager Sehili a créé une association, "A l'âme", où elle écoute les personnes victimes de violences conjugales. "Quand je me suis plongé dans leur histoire, le constat est catastrophique. Tous les ans, on a plus de cent féminicides." Hager Sehili accompagne ces personnes dans leur parcours pour obtenir justice. Une façon de prolonger la promesse faite à sa sœur.

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