DOCUMENT RTL - Mohamed Amra : comment les enquêteurs ont agi "dans le secret le plus total" pour traquer le narcotrafiquant

Le 22 février 2025, aux alentours de 15h30, Mohamed Amra, 30 ans, est arrêté par la police à Bucarest (Roumanie), à plus de 2.400 km de son lieu d'évasion, survenue le 14 mai 2024, au péage d'Incarville (Eure). Le narcotrafiquant, qui sort de neuf mois de cavale, est intercepté à la descente d'un VTC, près d'un centre commercial de la capitale roumaine.

Christian Sainte, directeur national de la police judiciaire parisienne, révèle les coulisses de ce dossier tentaculaire de l'année 2025, une des affaires d'évasion les plus violentes auxquelles il a été confronté au cours de sa carrière. "C'était la première fois pour moi", confie Christian Sainte, pour Les Voix du crime. "En réalité, c'est l'ultra-violence qui accompagne cette évasion, qui est très marquante", ajoute-t-il.

Afin de mener à bien l'arrestation du narcotrafiquant, un important dispositif et des méthodes stratégiques ont été adoptés par les enquêteurs. Très tôt, dans les jours qui avaient suivi le début de cavale de Mohamed Amra, le 14 mai 2024, les enquêteurs avaient décidé de mener des séries de recherches sur les individus qui composaient le commando dirigé par le narcotrafiquant.

Réseaux sociaux, vidéosurveillance, téléphonie... Les enquêteurs utilisent un dispositif conséquent et ne laissent rien au hasard pour mettre la main sur Amra. Le maximum de pistes sont privilégiées, et ce, dans la plus grand discrétion. L'objectif : agir à pas feutrés, en "sous-marin", pour intercepter le trentenaire sans alerter ses éventuels complices.

On se rend compte que ces malfaiteurs utilisent notamment des messageries chiffrées, donc c'est tout de suite beaucoup plus compliqué.

Christian Sainte, directeur national de la police judiciaire parisienne

"Il a fallu diligenter des investigations sur toute une multitude d'individus et de suspects, tout en restant dans la discrétion et le secret le plus total pour éviter qu'il y ait des fuites, et que les capteurs d'Amra lui permettent d'imaginer que nous progressions dans le cadre de notre enquête", explique le directeur national de la police judiciaire.

Au cours de ces mois d'enquête, les policiers de l'office central de lutte contre le crime organisé (Oclco) ont deux priorités : repérer Mohamed Amra et les hommes qui lui ont permis de s'évader. "Il faut essayer d'arriver à identifier celui ou celle qui est à même de pouvoir nous conduire à lui, que ce soit en termes d'individus ou de moyens techniques", précise Christian Sainte.

Boîtiers, puces électroniques... Le déploiement de la traque des autorités se fait dans la plus grande discrétion. Snapchat, Le Bon Coin et d'autres réseaux sociaux et de téléphonie, représentent autant d'outils numériques utilisés par les enquêteurs dans leur chasse à l'homme. "Aujourd'hui, on a une génération de malfaiteurs qui maîtrisent parfaitement ces outils. Ils les utilisent déjà dans le cadre de leur trafic de stupéfiants, et ne commettent pas d'erreur dans leur utilisation", explique Christian Sainte. 

Il a fallu diligenter des investigations sur toute une multitude d'individus et de suspects, tout en restant dans la discrétion et le secret le plus total.

Christian Sainte, directeur national de la police judiciaire parisienne

Les suspects sont eux-mêmes très discrets. "On se rend compte que ces malfaiteurs utilisent notamment des messageries chiffrées (...). Si un malfaiteur utilise un réseau ou une voie chiffrée, il faut s'adresser à celui qui est capable de nous donner les éléments qui nous intéressent au regard de ce réseau ou cette voie chiffrée", poursuit-il. 

"Cela fait très longtemps qu'on utilise ces méthodes d'investigation, mais aujourd'hui, c'est quand même beaucoup plus compliqué qu'avant, puisque assez rapidement, on a affaire à des individus qui, utilisent d'abord des flottes de téléphones clandestines, et qu'on ne connaît pas", ajoute Chrisitan Sainte.

Le 11 juin 2025, Mohamed Amra, avait été extrait sous haute sécurité de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) pour être interrogé par des juges d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé, au tribunal de Paris. Plus d'une vingtaine de personnes ont été interpellées depuis son évasion Le narcotrafiquant est aujourd'hui incarcéré à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne).

Procès

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