"Des mineurs isolés faciles à appâter" : qui sont les "petites mains" du trafic de drogue en France ?

Le trafic de drogue a fait une nouvelle victime. Un adolescent de "presque 14 ans", selon le parquet, a été touché par trois balles dans le dos et dans les jambes sur un point de deal à proximité de la place Saint-Bruno, au cœur du quartier Chorier-Berriat, à Grenoble (Isère).

Actuellement dans le coma, son pronostic vital est engagé et les tireurs sont eux en fuite. Le parquet de Grenoble a indiqué dans un communiqué que l'identité du garçon n'est "toujours pas certaine à cette heure".

Il pourrait s'agir d'un mineur de presque 14 ans, né en Algérie en décembre 2011, et connu des fichiers de police sous "diverses identités" pour trafic de stupéfiants en région parisienne et à Grenoble. Le parquet avait indiqué dimanche, dans un premier temps, que le mineur était âgé de 12 ans, né en décembre 2012.

Cette affaire illustre le profil type de ces "petites mains" de plus en plus jeunes recrutées par les narcotrafiquants.

Des jeunes vulnérables, souvent défavorisés

Ces jeunes, souvent issus de milieux défavorisés ou en situation de vulnérabilité, sont recrutés pour des tâches telles que le guet ou la vente de stupéfiants. Leur âge et leur manque de maturité en font des cibles faciles pour les trafiquants, qui leur promettent de l'argent facile et une certaine forme de reconnaissance.

"Tous les jours, mes collègues ramènent de jeunes mineurs de 14 ans sur des points de deal, sur de la vente, sur de l'alerte. Voilà, c'est monnaie courante. Les narcotrafiquants ne sont pas non plus complètement stupides. Ils savent très bien qui employer, ils savent très bien que c'est plus facile à appâter", explique à RTL Stéphane Gianesello du syndicat Alliance Police Nationale.

10.000 mineurs impliqués dans le trafic de drogue

Selon les chiffres de la Mission interministérielle de la lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), on estime qu'en 2024, 10.000 mineurs étaient impliqués dans le trafic de drogue. D'après ces chiffres officiels, 61% des personnes condamnées pour des infractions liées aux drogues en France avaient entre 15 et 25 ans. Cependant, les policiers rencontrent parfois des enfants dès l'âge de 10 ans, comme cela a été le cas à Rennes en juin dernier.

"Le phénomène est en augmentation, il est de plus en plus violent et il y a de plus en plus de jeunes, notamment avec le mode de recrutement sur les réseaux sociaux", soulignait le président de la Mildeca, Nicolas Prisse, en juillet 2025.

Les "charbonneurs" gagnent entre 150 et 200 euros par jour

Les plus jeunes impliqués dans le trafic de drogue sont souvent des guetteurs, rémunérés environ 50 euros par jour pour alerter de l'arrivée de la police. Les plus âgés, appelés "charbonneurs", vendent de la drogue dans la rue et gagnent entre 150 et 200 euros par jour. Cette main-d'œuvre est économiquement avantageuse pour les trafiquants, car elle coûte peu pour des services essentiels au bon déroulement du trafic.

Pour attirer ces jeunes, les trafiquants mettent en avant les faibles risques judiciaires encourus. En effet, en dessous de 13 ans, un mineur ne peut pas être poursuivi légalement. Entre 13 et 18 ans, la peine maximale est de 5 ans d'emprisonnement, contre 10 ans pour les majeurs. Le plus souvent, ces mineurs se voient infliger des mesures éducatives judiciaires plutôt que des peines de prison.

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