Les narcotrafiquants recrutent à l'école primaire. Les ravages de la drogue atteignent des enfants de 10 ans qui sont embauchés par les dealers comme "choufs", c'est-à-dire comme guetteurs. Ils sont chargés de donner l'alerte à la moindre présence policière.
Dans le quartier de Villejean à Rennes, gangréné par le trafic de drogue depuis plusieurs années, une vidéo devenue virale sur TikTok a choqué beaucoup de monde. Sur cette vidéo vue plus d'un million de fois, on voit un enfant de 10 ans crier pour prévenir les trafiquants du passage de la police. Il se fait appeler le guetteur "le plus jeune de France" et a un surnom : "Mini Rapace".
"10, 13, 15 ans. Maintenant ils sont là le soir. Je pense qu'on a constaté depuis le Covid qu'ils sont aussi jeunes. Ça m'arrive de leur dire bonjour, parfois ils discutent. C'est la vie de quartier, c'est comme ça", indique une habitante du quartier. Un camarade de classe de son fils était guetteur. "Il y en a eu plein. À partir du CM1. Ils sont maintenant pratiquement tous dealers", raconte-t-elle au micro de RTL.
Fatima, bénévole dans l'aide aux devoirs, a vu les dealers approcher les enfants dès la sortie de l'école. "Certains enfants sont alpagués par les dealers. 'Tiens, tu peux aller me chercher un kebab ou une canette de coca ?'. Et on leur dit 'Tu gardes la monnaie'. Et ça commence comme ça. J'ai vu des élèves en primaire qui, malheureusement, font les choufs maintenant. Les dealers ont toujours des baskets dernier cri, ont des téléphones dernier cri. Je pense qu'ils ne se rendent pas compte du danger de la drogue. Ils se disent que c'est de l'argent facile", explique-t-elle.
Une fois happés, il est difficile de sortir de cet engrenage. "Les enfants peuvent se faire 150 à 200 euros par jour. Quand ils grandissent, il n'y a pas de secret, on sait qu'ils vont en prison, déplore Régine une maman du quartier. Les parents sont démunis. Il y a une sorte d'omerta, de honte". À l'endroit où ils guettent, des fusillades peuvent éclater. "C'est risqué, c'est dangereux", alerte-t-elle.
Ces enfants peuvent être arrêtés par la police, mais ils ne seront pas poursuivis par la justice. Début avril par exemple, la police a arrêté 12 guetteurs, 10 étaient mineurs, le plus jeune avait 12 ans. "C'est un jeu quand ils se font interpeller, mais c'est limite une fierté quand ils sont jeunes. Ils retournent chez eux, ils ressortent dehors et ils recommencent", explique Frédéric Gallet, secrétaire départemental de l'Ille-et-Vilaine au syndicat Police Alliance.
"Ils savent très bien qu'ils ne risquent rien. Ils ont l'exemple des grands qui leur expliquent que de toute façon, tant qu'ils sont mineurs, ils n'auront rien, il n'y a même pas de menottage, il n'y a rien. On les garde au poste, on appelle les parents, ils viennent les chercher. C'est juste des signalements, des rapports, c'est tout ce qu'on peut faire. Les réseaux sociaux participent à une émulation dans ce cercle vicieux de l'argent facile", ajoute-t-il. Les policiers surveillent donc les réseaux sociaux car c'est aussi là que les dealers repèrent et recrutent leurs jeunes guetteurs.
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