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Marylise Spicher et sa fille aînée Katy qui se bat depuis 33 ans pour découvrir la vérité sur le meurtre de sa mère.
Crédit : Photo familiale
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En 1983, Katy Spicher a 6 ans quand sa mère est retrouvée morte, allongée dans la chambre à coucher de son appartement d'Amiens dans la Somme. Marylise Spicher, 27 ans, a été lardée de trente coups de couteau en présence de sa deuxième fille âgée de six mois, retrouvée saine et sauve.
Katy Spicher vit alors chez ses grands-parents depuis l'âge de sept jours. Durant son enfance, ses grands-parents ne lui ont pas vraiment parlé de sa mère. Elle savait simplement qu'elle travaillait et qu'elle n'avait pas le temps de s'occuper d'elle.
Quand elle apprend le meurtre par le biais de ses tantes, elle ne peut pas en parler au sein du foyer de ses grands-parents. "C'était quelque chose de tabou. Il ne fallait pas trop poser de questions", explique-t-elle dans Les Voix du crime.
Ce silence sur la mort de sa mère a perduré des années, jusqu'à ses 15 ans, quand elle décide de lancer son combat pour la vérité. Katy Spicher commence à enquêter seule. "Moi quand je veux savoir, il faut que je fouille", déclare-t-elle.
À son arrivée au lycée, elle se rend à la bibliothèque et commence à éplucher tous les articles du journal local, Le Courrier picard, concernant sa mère. "Quand je les ai découverts, j'étais choquée. Puis c'est là où j'ai compris que c'était une histoire familiale", confie Katy Spicher. Dans ces écrits, elle lit qu'une dispute entre Marylise Spicher et ses deux frères aurait éclaté dans un café juste avant le crime.
Je pense que mes grands-parents ont dû organiser le crime pour ne pas me rendre à ma mère
Katy Spicher, la fille de la victime
Elle apprend aussi que le principal suspect du meurtre était l'un de ses oncles. Il a été mis en examen, puis placé en détention provisoire. Il a même avoué deux fois le crime avant de se rétracter. "(Les policiers) m'ont montré beaucoup de photos, dans l'état qu'elle était", racontait-il en octobre à Paris Match. "Ils m'ont dit 'vas-y, dis que c'est toi'", assure "Moi je ne savais pas ce que je disais. (...) Mon avocat m'a dit de m'accuser, qu'il pourrait m'acquitter aux assises."
Cinq ans plus tard, la juge d'instruction en charge de l'affaire a prononcé un non-lieu, faute de preuves suffisantes. L'oncle de Katy Spicher, présumé innocent, est depuis libre. Aujourd'hui, il dit avoir sa "conscience tranquille".
Cela n'empêche pas la fille de la victime a sa théorie. "Ma mère voulait me reprendre (de chez mes grands-parents) pour aller à Nice", affirme Katy Spicher. "Mais mes grands-parents ne voulaient pas me redonner. Donc je pense que mes grands-parents ont dû organiser le crime pour ne pas me rendre à ma mère." Ces derniers sont aujourd'hui décédés.
Ces articles accumulés pendant des années, elle les garde constamment avec elle dans une enveloppe. Depuis septembre 2025 et sa rencontre avec un journaliste, l'affaire ressurgit et son paquet de publications a bien augmenté. Après 33 ans de combat solitaire et sans soutien de sa famille, elle commence à s'exprimer publiquement et sollicite l'aide d'un avocat, Me Stéphane Diboundje. "Je me dis que peut-être que cette fois-ci, ça va marcher, on va m'entendre. Et ça a fonctionné, je suis contente", affirme Katy Spicher.
J'espère avoir un appel me disant que l'enquête est réouverte
Katy Spicher, la fille de la victime
À ses 18 ans, Katy Spicher demande à son grand-père d'avoir accès au dossier d'instruction. "Et là, l'un de mes oncles s'est levé et m'a dit que si j'ouvrais le dossier, il m'arriverait la même chose qu'à ma mère", affirme-t-elle. Elle réclame alors la vérité en écrivant au procureur de la République d'Amiens, au Garde des Sceaux ou encore au président de la République. Elle y décrit son histoire et leur demande de l'aider. Ses interlocuteurs l'ignorent, lui opposent la prescription ou bien la perte du dossier.
Seule réponse positive, le 24 octobre 2025 de la part du chef de l'État qui lui adresse "ses chaleureuses pensées". Aujourd'hui, Katy Spicher a troqué la bibliothèque au profit d'Internet. Chaque jour, elle continue de récolter chaque information partagée sur le meurtre de sa mère.
"C'est une affaire qui a été étouffée puis bâclée", estime Katy Spicher. Quarante-deux ans après l'affaire surnommée aujourd'hui le "cold case oublié d'Amiens", elle espère que la médiatisation de son combat permettra d'atteindre un objectif : "avoir un appel me disant que l'enquête est réouverte" et que le dossier intègre le pôle des crimes non élucidés de Nanterre.
Depuis qu'elle a commencé à parler en septembre 2025, une personne s'est manifestée pour témoigner et là encore mettre en cause l'un de ses oncles. Un témoignage qui n'est peut-être pas le dernier. Katy Spicher pense que des voisins auraient pu entendre le meurtre de sa mère et elle appelle toutes les personnes qui pourraient parler à se manifester pour qu'un jour, elle puisse "tourner la page".
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