Attentats de "Charlie Hebdo" et de l'Hyper Cacher : 10 ans après, le récit des attaques de janvier 2015

Il y a dix ans, la France basculait dans l'horreur. Mercredi 7 janvier 2015, douze personnes, dont huit membres de la rédaction de Charlie Hebdo, sont tuées dans l'attaque de l'hebdomadaire par les frères Chérif et Saïd Kouachi, Français d'origine algérienne qui avaient prêté allégeance à Al-Qaïda. 
Journal joyeusement anarchiste et anticlérical créé en 1970 sur les cendres du magazine Hara-Kiri, Charlie était la cible de menaces djihadistes depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006. 

Il est aux alentours de 11h30 ce mercredi 7 janvier 2015 quand deux individus, cagoulés, vêtus de noir et armés de fusils d'assaut, croisent Coco dans l'escalier menant à l'étage du journal. La dessinatrice s'est éclipsée de la conférence de rédaction pour aller chercher sa fille à la crèche. Les terroristes Chérif et Saïd Kouachi, 32 et 34 ans, braquent une arme sur elle et la forcent à leur indiquer le bon étage et à saisir le code de la porte d'entrée blindée séparant le palier de la rédaction. 

Une fois dans les bureaux de la rédaction, tout en poussant Coco devant eux, ils tirent sur le webmaster du journal Simon Fieschi, installé dans la pièce d'accueil. Celui-ci est grièvement blessé. Touché à la moelle épinière, le jeune homme sera par la suite lourdement handicapé. Simon Fieschi est mort 19 octobre 2024 à l'âge de 41 ans. Puis les terroristes se rendent dans la salle de rédaction où la conférence hebdomadaire touche à sa fin. 

La France bascule dans le terrorisme

Ils ouvrent le feu et tuent douze personnes. Parmi ces victimes, cinq dessinateurs phares de la satire française : Stéphane Charbonnier dit Charb, Jean Cabut dit Cabu, Georges Wolinski, Bernard Verlhac alias Tignous et Honoré. À ce triste bilan s'ajoutent les noms de l'économiste Bernard Maris, de la psychologue Elsa Cayat, auteure de la chronique "Charlie Divan" et de Mustapha Ourrad, correcteur du journal depuis dix ans.

Deux policiers perdent également la vie lors de l'attaque. Le premier, Franck Brinsolaro, assurait la protection de Charb. Le second, Ahmed Merabet, est abattu dans la rue par l'un des frères Kouachi. Michel Renaud, journaliste de formation, invité par Cabu à participer à la conférence de rédaction, a lui aussi péri. Enfin, Frédéric Boisseau, un agent de maintenance de l'entreprise Sodexo, se trouvait à l'accueil de Charlie Hebdo. Il est la première victime de l'attentat.

La fusillade dure moins deux deux minutes. Une quarantaine de balles sont tirées, au coup par coup. Les deux tireurs crient "Allah Akbar" et "on a vengé le prophète, on a tué Charlie Hebdo" avant de remonter dans leur véhicule, pour prendre la fuite après le massacre. Après deux jours de traque, ces derniers sont abattus par une équipe d'intervention du GIGN, le groupe d'élite de la gendarmerie française, dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne), où ils s'étaient retranchés.

Trois jours d'horreur

D'autres attentats islamistes près de Paris ont ensuite coûté la vie, jeudi 8 janvier à Montrouge, à la policière municipale Clarissa Jean-Philippe, tuée par Amedy Coulibaly, également auteur de l'attaque de l'Hyper Cacher le 9 janvier porte de Vincennes (quatre personnes de confession juive sont décédées). Ces attentats ont provoqué une émotion mondiale et donné naissance à un slogan de soutien resté célèbre : "Je suis Charlie." 

Le 11 janvier, des manifestations réunissent près de quatre millions de personnes à travers la France, avec de nombreux chefs d'État et de gouvernement dans le cortège parisien. Une semaine après la tuerie, le journal représente le prophète tenant une pancarte "Je suis Charlie", sous le titre "Tout est pardonné".

Numéro spécial de "Charlie Hebdo" pour les 10 ans de l'attentat

Mardi 7 janvier 2025, pour les dix ans de l'attentat, Charlie Hebdo sortira un numéro spécial de 32 pages. L'hebdomadaire satirique publie des caricatures sélectionnées lors d'un concours international lancé jusqu'à mi-décembre 2024. Baptisé "#RireDeDieu", son but est de dénoncer l'"emprise de toutes les religions" sur la société, selon Charlie. La rédaction va également donner les résultats d'un sondage sur la question : la France est-elle encore Charlie ?

Des commémorations auront lieu ce mardi, "comme chaque année". Elles seront marquées "par la sobriété, conformément aux souhaits des familles", a indiqué la mairie de Paris. Anne Hidalgo "rendra hommage aux victimes (...) en présence du président de la République" et "de plusieurs ministres". Le lendemain, mercredi 8 janvier, la ville de Montrouge organisera une cérémonie d'hommage à la policière municipale. 

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