Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi attaquaient la rédaction de Charlie Hebdo après la publication de caricatures du prophète Mahomet. Dix ans après, certains enseignants n'osent plus montrer de caricatures à leurs élèves.
Sur la vingtaine de professeurs qui ont accepté de répondre à RTL, trois ont arrêté de le faire depuis les attentats, ou du moins sur certains sujets. Une professeure d'un collège des quartiers nord de Marseille ne s'appuie plus sur des dessins s'il est question de religion, mais plutôt sur des vidéos ou des textes.
"C'est évident que le climat s'est tendu sur les questions idéologiques et religieuses. Des parents sont capables de venir nous remettre en question sur nos pratiques et nous demandent de nous censurer. On ne répond pas à la demande des parents, mais on cherche à garder une relation favorable avec les élèves", confie-t-elle.
Utiliser des caricatures comme support pédagogique n'est pas obligatoire pour aborder, par exemple, la liberté d'expression ou la laïcité en enseignement moral et civique. Il s'agit d'un choix du corps enseignant.
"C'est lié au professeur en lui-même, pour montrer toute la richesse de la liberté d'expression. Ce qui implique que les professeurs soient très bien formés parce que sinon ils sont complètement désarmés face aux élèves", explique un enseignant de région parisienne qui présente des caricatures à ses élèves.
Désormais, le sujet est davantage abordé en formation, surtout depuis l'assassinat de Samuel Paty, avec davantage de ressources de l'Éducation nationale. La région Île-de-France va, dès cette semaine, mettre à disposition un corpus de douze caricatures sélectionnées avec une association, pour aider les enseignants dans leurs cours s'ils le souhaitent.
D'autres professeurs ont peur de ne pas être accompagnés en cas d'incident. L'un d'entre eux, qui travaille pourtant dans un établissement privé catholique d'une ville de banlieue aisée, a confié à RTL avoir arrêté d'utiliser des caricatures au lendemain des attentats de Charlie Hebdo par crainte de ne trouver aucun soutien de sa hiérarchie et de l'Éducation nationale en cas de problème.
Sur ce sujet, les choses bougent. "On est beaucoup plus vigilants à toutes les formes de contestation d'enseignement. On ne les laisse pas passer, ça n'est pas possible, parce qu'on sait à quoi ça peut mener et on sait que ça dérape très vite", assure Audrey Chanona, principale d'un collège en Charente et secrétaire nationale éducation et pédagogie du SNPDEN-Unsa.
Ne rien laisser passer, par exemple, en accompagnant ces enseignants porter plainte en cas de problème. Selon une étude IFOP publiée en 2022, 64% des professeurs d'histoire-géographie se sont déjà auto-censurés pour éviter des incidents sur les questions de religion.
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