Affaire Xavier Baligant : qui est le mystérieux tueur de l’autoroute de Malvaux ?

Mardi 19 juillet 2011, il est 2h15 et la nuit est calme sur l’aire de Malvaux, en Meurthe-et-Moselle. Un patrouilleur autoroutier entend cinq coups de feu. Il alerte le centre de contrôle. Les caméras ne captent qu'une silhouette au sol : un homme, gisant devant le local des toilettes pour femmes.

L'homme est mort, touché par cinq projectiles militaires tirés à courte distance. L’arme, un fusil suisse Schmidt Rubin K31, n'est pas rare, mais prisé des collectionneurs. La victime, Xavier Baligant, 29 ans, est en vacances avec ses deux enfants, Jordan et Dylan, endormis à l’arrière de leur voiture.

Xavier Baligant ne correspond à aucun profil à risque : père de famille, laborantin chez GSK, sans antécédent judiciaire, apprécié de tous. Ce soir-là, il rentrait en Belgique après une semaine de vacances en Ardèche. Selon ses proches, il aimait rouler de nuit pour que les enfants dorment.

Un SMS fantôme et des enfants qui n’ont rien entendu

Sur la scène du crime, rien n’indique un vol : sa sacoche contient téléphone, appareil photo, papiers et  argent liquide. Aucun témoin n’a vu le tireur. Aucun véhicule autre que sa Kia noire n’était présent sur le parking. Le tueur aurait pu venir à pied, en traversant un bosquet, dont un grillage avait été découpé.

Les deux fils de la victime, âgés de sept et cinq ans, ne perçoivent ni bruit ni éclats. L’un évoque un cri, sans pouvoir le situer. Plus troublant : juste avant l’arrêt sur l’aire, Xavier aurait reçu un SMS. Pourtant, les experts ne retrouveront jamais la trace de ce message.

Parmi les 24 routiers présents cette nuit-là, aucun n’a vu quoi que ce soit. Seuls quelques-uns disent avoir entendu des tirs, sans bouger. "Personne ne voulait d’ennuis", confiera un enquêteur.

Une piste parallèle : la tuerie de Chevaline

L’enquête s’intéresse à la vie personnelle de Xavier. Son ex-compagne, Mihaela Jacobeus, projetait une réconciliation avec lui. Son nouveau compagnon, José Oliveira, un garagiste réputé impulsif, est interrogé. Il a un alibi, mais a effacé l’historique de ses appels. "Je ne suis pas l’assassin", répète-t-il. Aucune preuve ne l’incrimine.

En septembre 2012, un quadruple meurtre dans les Alpes françaises relance l’affaire Baligant. À Chevaline, une famille britannique et un cycliste sont exécutés. Le tireur agit de manière similaire : rapide, efficace, invisible. Là aussi, une arme suisse ancienne est utilisée. Coïncidence ? Les enquêteurs y voient un parallèle troublant, mais sans lien formel.

Marion Garnier, rédactrice en chef de l’émission Non-Elucidé, s'interroge au micro de L'Heure du crime pour RTL : "Il y a plusieurs similitudes. Les victimes sont des touristes étrangers. Elles ont été tuées par des armes de collection, des armes anciennes de guerre. Souvent, à chaque fois, avec un premier tir et un dernier, un tir plus proche, vraiment quasi à bout portant dans la tête. Et puis, à chaque fois, il y a des enfants qui sont présents. Ces similitudes-là, elles posent des questions, mais est-ce qu'elles font sens ? Je ne sais pas." 

L'enquête relancée grâce à l'ADN

En 2017, un ADN inconnu est relevé sur le tableau de bord de la Kia. Résultat : aucune correspondance. Mais en 2025, de nouvelles expertises ADN sur neuf mégots trouvés sur les lieux révèlent un fait étonnant : quatre portent l’ADN de Xavier Baligant. 

Cela signifie que la victime a sans doute passé plus de temps qu'on croyait devant le local toilettes. Constat d'autant plus troublant que Baligant, qui n'était pas un fumeur régulier, n'avait pas de paquet de cigarettes sur lui. Autre détail : la victime ne s'est pas dirigée vers les toilettes pour assouvir un besoin naturel. L'autopsie montre que sa vessie était pleine quand il est mort. 

"Le dossier n'est pas fermé. Aujourd'hui, il y a des rapprochements entre les deux affaires, entre la tuerie de Chevaline et l'affaire Baligant. Le problème, c'est que comme les deux sont dans l'impasse, on espère que l'une va permettre d'élucider l'autre. Il faut espérer toujours un témoignage tardif, ça peut toujours arriver. C'est aussi pour ça qu'on fait ces émissions", souligne Jean Arca, journaliste au magazine Marianne, au micro de RTL.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Jean Arca, journaliste au quotidien Le Progrès et au magazine Marianne. Il est l'auteur d'une longue enquête sur cette affaire disponible sur le site Marianne : Affaire Xavier Baligant : l'énigme d'une pause cigarette mortelle sur l'aire d'autoroute.

- Marion Garnier, journaliste, réalisatrice et rédactrice en chef de l’émission Non-Elucidé dont un épisode est consacré au meurtre de Xavier Baligant. Elle est la coautrice avec Cyrielle Adam du livre Cold cases, publié aux éditions Larousse. 

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