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Affaire Céline Jourdan : "Je pense à elle tous les jours", confie le père de la victime

PODCAST - "L'Heure du crime" revient sur l'affaire Céline Jourdan, une fillette de six ans et demi, victime de viol et de meurtre durant l'été 1988 dans un village des Alpes-de-Haute-Provence. Deux marginaux, surnommés "L’Indien" et "le Tatoué", sont rapidement interpellés.

Joelle Maurel, mère de Céline Jourdan, au centre de la photo, montrant le portrait de Céline Jourdan, 7 ans, assassinée le 28 juillet 1988, à La Motte-du-Caire, patientent au Palais de justice d'Aix-en-Provence, le 31 octobre 1990.

Crédit : GEORGES GOBET / AFP

Jean-Alphonse Richard & Lucille Meriaux

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Le mardi 26 juillet 1988, il est presque 20h30 lorsque Gilbert Jourdan, nouveau patron du Café de la Poste, prépare le dîner avec sa compagne et ses enfants. L’ambiance est paisible dans ce village de La Motte-du-Caire avec ses 500 habitants. Céline, sa fille de six ans, est sous ses yeux. Mais en quelques minutes, elle disparaît. 

La panique s’installe et les voisins sont alertés. Ils cherchent toute la soirée, pensant à un accident. À 21 heures, la gendarmerie est prévenue. Le lendemain, à 14h40, un corps est découvert sous une bâche, dans un taillis en bordure du Grand Vallon.

Céline est dévêtue à mi-corps, le crâne fracassé à coups de pierre, violée puis abandonnée à quelques centaines de mètres du village.

Deux suspects : "L’Indien" et "le Tatoué"

Très vite, les regards se tournent vers deux marginaux vivant à Melve, un village voisin. Il y a Didier Gentil, 24 ans, dit "le Tatoué", et Richard Roman, 28 ans, surnommé "l’Indien", car il vit dans un tipi. Éleveurs de chèvres, connus localement, mais sans passé violent, ils apparaissent dans les témoignages.

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Gentil est vu avec Céline le jour du drame. Le mercredi 27 juillet 1988, après une heure trente de garde à vue, il avoue rapidement. Il accuse Roman d’avoir prémédité le viol, évoquant une "secte magique et sexuelle". Selon lui, c’est Roman qui a tué Céline. Gentil admet sa participation, parle de honte et de dégoût, mais nie toute intention meurtrière.

Roman finit par reconnaître avoir vu Gentil avec l’enfant, et finit par avouer avoir frappé Céline avec une pierre, avant de se rétracter, dénonçant la pression de l’interrogatoire.

Enquête chaotique, justice chahutée

L’instruction est désastreuse. Les témoignages sont flous, les aveux contradictoires et l'ambiance explosive. Lors de la reconstitution, en juin 1989, le village est en colère. Le juge est insulté et les avocats sont menacés. La scène tourne à l’émeute. L’enquête est reprise plusieurs fois. 

En 1990, Roman bénéficie d’un non-lieu pour aveux jugés non spontanés. Il est relâché, provoquant l’indignation de la famille de Céline. Mais le 14 novembre 1990, le non-lieu est annulé. En 1991, Roman est de nouveau incarcéré.

Le procès de l’horreur

Le 30 novembre 1992, à la cour d’assises de l’Isère, les deux hommes comparaissent. Gentil accuse à nouveau Roman, avant de se rétracter et d’assumer seul la responsabilité du crime. Roman, lui, nie toute implication. Mais d’un autre côté, il déclare : "C'est vrai que j'ai beaucoup menti et que j'ai cherché à l'enfoncer". Les débats tournent à la confusion.

Quelques jours plus tard, Didier Gentil revient sur ses déclarations. Il dit désormais assumer tout seul le crime. Mais le cas de Roman fait toujours débat. Son parcours est décortiqué : deux courts séjours en hôpital psychiatrique avec des prédispositions pour diriger une secte selon un psychiatre. C'est un homme qui se dédouble comme s'il délirait, commente l’ex-procureur de Digne Paul Weisbuch.

"Je tiens à souligner que Didier Gentil n'a jamais avoué le meurtre de Céline. Il n'a jamais dit quoi que ce soit là-dessus. Il a toujours dit que lui, il a participé au viol. Le reste, c'est Richard Romand. Tous les détails du meurtre, du plus petit au plus grand, c'est Richard Romand qui les donne" explique Gilbert Jourdan, le père de la victime, au micro de L'Heure du crime pour RTL.

Le 17 décembre, après quatre heures de délibération, le verdict tombe : Didier Gentil est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une peine incompressible de 28 ans. Richard Roman est acquitté.

Trente-cinq ans après

Une stèle de marbre rose trône aujourd’hui près du ruisseau, là où Céline fut retrouvée. Une cérémonie y est régulièrement organisée. "Céline, j'y pense tous les jours, des fois plusieurs fois par jour. Et depuis 35 ans, c'est comme ça", confie Gilbert Jourdan, son père.

Didier Gentil, aujourd’hui âgé de 60 ans, est toujours en détention, malgré une possibilité de libération depuis 2016. Richard Roman est mort en 2008, à 49 ans, d’une surdose accidentelle de médicaments.

Les invités de "L'Heure du crime"

- Gilbert Jourdan, père de Céline.
- Patrick Sébastien, producteur et animateur, ami de Gilbert Jourdan.



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