INVITÉ RTL - Affaire Grégory : le complot familial est "l'hypothèse dominante", selon le nouveau procureur général de Dijon

Quarante ans après la mort du petit Grégory, les investigations se poursuivent pour retrouver le (ou les) coupable(s) de ce crime toujours non élucidé. "Il n'y a plus de cellule, c'est-à-dire un groupe d'enquêteurs qui travaillent à plein temps dessus, explique Philippe Astruc, nouveau procureur général à la Cour d'appel de Dijon (Côte-d'Or) sur RTL. Ils répondent au cas par cas en fonction des demandes du magistrat instructeur pour tel ou tel acte". Nommé en septembre dernier, l'une de ses priorités a été le dossier de l'affaire Grégory, dont l'énigme agite la France depuis le 16 octobre 1984.

Ce jour-là, Grégory Villemin, 4 ans, est retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne (rivière des Vosges). Ses parents Jean-Marie et Christine Villemin sont à l'époque victimes d'appels et lettres anonymes : une de ces dernières revendique le meurtre. Quatre décennies après, le couple se bat toujours pour obtenir la vérité.   

"Au-delà des procès-verbaux, il y a quand même une dimension humaine, insiste Philippe Astruc qui raconte avoir rencontré les parents endeuillés. "Ce sont des victimes, classiquement, qui attendent justice depuis 40 ans. Ils le font aujourd'hui avec sérénité, je crois, et confiance dans le processus judiciaire."

On est tous à peu près conscients qu'il n'y a pas un auteur unique

Philippe Astruc, procureur général à la cour d'appel de Dijon

Dès les débuts de l'affaire surgissent des rivalités familiales : certains membres en voudraient au couple Villemin après leur ascension sociale. En 1985, le principal suspect de l'affaire s'appelle Bernard Laroche, cousin de Jean-Marie Villemin. Il avait même été incarcéré avant d'être remis en liberté. À sa sortie de prison, persuadé de sa culpabilité, Jean-Marie Villemin le tue d'un coup de fusil. Marie-Ange Laroche, veuve de Bernard, a récemment pris la parole auprès de BFMTV pour livrer sa vérité. 

Ces dernières années, quelques personnes de la famille ont été auditionnées et placées en garde à vue. C'est le cas des époux Jacob, grand-oncle et grande-tante de Grégory, et de Murielle Bolle, belle-sœur de Bernard Laroche, en 2017. Leurs mises en examen ont depuis été annulées.

"On est tous à peu près conscients qu'il n'y a pas un auteur unique, affirme Philippe Astruc. Il y a, je rappelle, à peu près 1.000 appels qui ont précédé les faits, plusieurs courriers du corbeau. La matérialité des faits, le jour des faits, laisse à penser qu'il y a une pluralité d'auteurs." 

Il faut continuer à travailler tant qu'on le peut, parce qu'on le doit à ce petit garçon, on le doit à ses parents

Philippe Astruc, procureur général à la cour d'appel de Dijon

Alors, s'agit-il d'un complot familial enraciné dans la jalousie éprouvée vis-à-vis des Villemin et de leur réussite sociale ? "C'est l'hypothèse dominante, je dirais, depuis maintenant assez longtemps, poursuit le magistrat. C'est celle qui paraît, je dirais, résulter assez logiquement de l'ensemble des éléments."

Pour le reste le procureur martèle qu'il n'est "pas là pour spéculer". Il assure en revanche que la justice avance. "On progresse, je dirais, en même temps que la science. Donc c'est l'un des éléments qui peut nous permettre de progresser. Je ne dis pas nécessairement de 'solutionner' les choses. Ce que je sais, c'est qu'il faut continuer à travailler tant qu'on le peut, parce qu'on le doit à ce petit garçon, on le doit à ses parents qui sont des victimes." 

Ces derniers font "régulièrement des demandes d'actes", rapporte Philippe Astruc. Parmi celles-ci : l'utilisation de la technique de l'ADN de parentèle ou encore la reconnaissance vocale pour identifier le (ou les) corbeau(x).

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