Affaire d'Outreau : comment Myriam Badaoui et Thierry Delay sont devenus à la fois suspects et témoins-clé du dossier

En février 2001, l'ouverture d'une information judiciaire secoue la petite commune d'Outreau dans le Pas-de-Calais. Plusieurs habitants sont visés par des faits de viols et d'agressions sexuelles. Parmi eux, Myriam Badaoui et son époux, Thierry Delay.

Jonathan et Chérif Delay, deux des quatre enfants du couple, ont confié à l'assistante sociale avoir été contraints, au sein du domicile familial, à visionner des cassettes pornographiques. Ils déclarent aussi avoir subi les sévices sexuels de leurs parents, et de personnes extérieures, notamment de locataires de la cité HLM dans laquelle ils résident. 

Au total, 36 personnes sont soupçonnées dans le cadre de cette affaire. Devant les enquêteurs, Myriam Badaoui coopère, fait la liste des personnes ayant participé à ces viols organisés sur ses propres enfants. Elle en dénonce 17.

En 2004, la principale accusée revient sur ses aveux et innocente la quasi-totalité des protagonistes. Sur les 17 personnes accusées, 13 personnes sont acquittées lors du procès. Parmi les acquittés, Daniel Legrand, jugé par deux fois dans ce dossier criminel, dont le sort est évoqué dans l'épisode de L'Heure du Crime dédié à l'affaire. 

Dix personnes sont condamnées, notamment Thierry Delay, et sa femme, qui ont toujours plaidé coupables. Six autres accusés font appel de leur condamnation, ouvrant la voie à un nouveau procès. Dans Les Voix du Crime dédiée au dossier d'Outreau, Maître Pantaloni, l'avocat de trois des enfants au procès, revient sur cette nouvelle épreuve judiciaire. 

"Ils sont là, pas contre leur volonté, mais sans que leur volonté n'aie véritablement été sollicitée (...) On revient sur ce qu'ils ont dit, sur les déclarations qu'ils ont faites et on les interroge ou on les sollicite quant à leur perception des faits", explique l'avocat. 

Condamnée à 15 ans de prison, Myriam Badaoui est libérée en septembre 2011 de la prison de Rennes, après avoir purgé la moitié de sa peine. Malgré un suivi socio-judiciaire de dix ans, cette mère incestueuse est de nouveau condamnée, huit ans plus tard, pour "vol" et "falsification de chèques". Âgée de 57 ans, elle vit désormais en Bretagne. 

De son côté, Thierry Delay, père alcoolique, incestueux et violent, est condamné à 20 ans de prison pour viols sur ses fils. Libéré en 2016, ce dernier est de nouveau convoqué par la justice quatre ans plus tard, soupçonné d'agressions sexuelles sur une personne handicapée, côtoyée dans un centre de santé de Haute-Garonne. 

Reconnu coupable, celui qu'on surnomme "le monstre d'Outreau" est condamné à deux ans de prison avec maintien en détention pour harcèlement et agression sexuelle.

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