"Ça en venait presque aux mains" : des religieuses usées par l'insécurité fuient leur quartier de Nantes

Elles partiront sans se faire prier. À Nantes, des religieuses de la Fraternité apostolique bénédictine ont annoncé leur départ du centre-ville en raison de l'insécurité. Ces femmes étaient accueillies à l'église Sainte-Croix de Nantes depuis plus de huit ans dans le but de faire vivre ce lieu de prière. Pourtant, elles estiment désormais ne plus pouvoir accomplir leur mission sereinement.

Dans le quartier Bouffay, sœur Marie-Anne raconte être régulièrement confrontées à des habitants sous l'emprise de l'alcool ou de la drogue. Ces rencontres inopportunes les empêchent de se sentir de nouveau en sécurité dans leur zone d'habitation. "Je me retrouvais seule avec lui dans l'église au moment de fermer, ça en venait presque aux mains", se souvient-elle après sa mauvaise expérience avec un jeune du quartier qui avait bu. Malheureusement, ce genre d'évènement n'est pas isolé, et "au fil du temps, ça créer une usure", déplore-t-elle face à "un climat peu propice à la prière". 

Ces religieuses ne sont pas prises pour cibles en tant que telles, mais elles subissent comme les autres nantais du quartier ce qu'elle estime être une recrudescence de la violence. Heureusement pour elles, des médiateurs de rue, la mairie, la police ainsi que le Samu leur sont venus en aide. Pourtant, la situation est loin de s'améliorer et elles estiment être arrivées au bout des efforts qu'elles pouvaient fournir. "Je ne pense pas qu'un surcroit des forces de l'ordre règlera le problème", estime toutefois Marie-Anne. Selon elle, c'est à l'État d'agir désormais pour ramener le calme. 

En attendant, pour se défendre, les bonnes sœurs ont même pris des cours de self-défense. Elles ont appris des gestes simples avec des professionnels. Depuis, elles ont pu se reculer, se protéger et demander de l'aide lors des situations délicates. "Ce mode opératoire, on a dû le mettre souvent en œuvre", constate Marie-Anne, mais elle juge que cela leur a été "salutaire". En dépit de cela, les sœurs quitteront Nantes le 1er juillet pour rejoindre Reims et reprendre leur mission au monastère des sœurs bénédictines de Saint Thierry. 

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