Depuis cinq ans, des femmes cabossées par la vie et par les violences subies se retrouvent à Saint-Denis dans des cours de karaté. Ne leur parlez surtout pas de combats ou de coups. Elles sont là pour se reconstruire, pour se réapproprier leur corps.
Une petite salle se transforme en quelques secondes en dojo. Au sol, des tapis en mousse sont installés. Ils s'encastrent les uns dans les autres, formant un grand carré sur lequel les femmes vont évoluer pendant une heure et demie, pieds nus, après avoir revêtu un kimono. La séance est dirigée par Lamia. En ces lieux, le terme "combat" est proscrit.
"Tous ces mots ont un lien avec la violence. Quelque part, il ne faut pas que ces mots résonnent pour ces femmes avec leur propre histoire. Ces cours sont tellement forts en émotion que certaines craquent, quelquefois pleurent", explique l'enseignante de karaté.
Créée en 2016, la Maison des Femmes est un lieu de prise en charge des femmes en difficulté ou victimes de violences. Cette association leur permet de rencontrer au même endroit des médecins psychologues, des sages-femmes, mais aussi de pouvoir déposer plainte auprès d'un officier de police. Près de 50 à 80 femmes passent chaque jour la porte du centre. Plus de 15 000 consultations sont réalisées chaque année.
"On a des psychologues qui sont là pour nous expliquer les cas de figures qu'on peut rencontrer. Comment essayer de réagir face à certaines situations, précise Lamia. Et tout au long de notre année, lorsqu'on est sur le terrain, on a des supervisions. Je crois à hauteur d'une fois tous les deux mois ou tous les trois mois, nous avons une supervision avec une psychologue spécialisée dans le psychotrauma qui est là pour eux, pour nous aiguiller, pour nous aider également à décharger quand on a un trop-plein d'émotions".
Toutes ont un passé douloureux, mais quand elles viennent au cours, elles laissent leur histoire à la porte. Ici, personne ne connaît leur parcours, mais toutes savent qu'elles sont là pour aller mieux. C'est d'ailleurs la plus belle récompense pour Lamia qui dispense le cours que ces femmes reviennent semaine après semaine.
"On ne se rend pas compte parce qu'on se dit qu'en animant un atelier, c'est plutôt nous qui allons transmettre les choses aux femmes. Mais finalement, inversement, on reçoit énormément d'amour, énormément de bienveillance également. En fait, j'ai l'impression que tout ce qu'on leur transmet, on le récupère", confie Lamia au micro de RTL.
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