"Annule ta décision, applique le traité !" Samedi 20 mars, plusieurs milliers de personnes ont manifesté en Turquie contre la décision du président Recep Tayyip Erdogan de se retirer de la convention d'Istanbul. Celle-ci impose aux pays signataires l'application de mesures législatives pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Dans un décret publié dans la nuit de vendredi à samedi, le Président turc a annoncé le retrait de son pays de ce traité, aussi appelé "Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à égard des femmes et la violence domestique".
Une décision que le chef d'État avait déjà évoquée l'an dernier : des groupes conservateurs l'appelaient à l'époque à quitter ce traité qui, selon eux, nuit aux valeurs familiales "traditionnelles" en défendant l'égalité des sexes et "favorise" la communauté LGBTQ+ en interdisant de discriminer en fonction de l'orientation sexuelle.
Signée en 2011 par 45 pays et ratifiée par plus d'une trentaine, la convention d'Istanbul est le premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir la violence sexiste. La Turquie fut le premier pays à le signer, sous la conduite du Conseil de l'Europe dont le pays est membre.
Lutte contre les discriminations et les violences sexuelles, accès à l'avortement, interdiction des mutilations génitales et des mariages forcés... La convention vise à garantir la protection des femmes et de leurs droits à l'autonomie et l'indépendance.
"Les Parties prennent les mesures législatives et autres nécessaires pour promouvoir et protéger le droit de chacun, en particulier des femmes, de vivre à l’abri de la violence aussi bien dans la sphère publique que dans la sphère privée", stipule ainsi le traité en introduction. Les pays signataires sont également contraints d'inscrire le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes dans leur législation.
En particulier, le texte insiste sur la nécessité de lutter contre les violences conjugales qui ont explosé en Turquie ces dernières années. L'association "Nous mettrons fin aux féminicides" en a ainsi recensé 300 en 2020 et 77 depuis le début de l'année. La décision de se retirer de la convention d'Istanbul est incompréhensible pour les associations féministes turques qui reprochent déjà au gouvernement de ne pas appliquer correctement les lois en vigueur.
Du côté de la sphère politique, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, l'un des principaux rivaux de Recep Tayyip Erdogan, a accusé le président de "piétiner la lutte que mènent les femmes depuis des années". Face à l'avalanche de critiques, le gouvernement a tenté de rassurer. "Nos institutions et nos forces de l'ordre continueront de lutter contre les violences domestiques et les violences contre les femmes", a ainsi déclaré le ministre de l'Intérieur Süleyman.
Ce retrait est un recul considérable qui compromet la protection des femmes
Élisabeth Moreno
Dans un communiqué, le Conseil de l'Europe a qualifié ce retrait de la Turquie de "nouvelle dévastatrice" et "compromet la protection des femmes" dans ce pays. Plusieurs pays membres de l'organisation paneuropéenne ont également réagi à cette décision, dont la France. "Ce recul des droits est préoccupant", a ainsi regretté le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Clément Beaune. Sur Twitter, Élisabeth Moreno s'est jointe à sa déclaration. "Ce retrait est un recul considérable qui compromet la protection des femmes", a-t-elle insisté.
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