Syrie : dans le grand hôpital de Damas, les corps mutilés des prisonniers de Saidnaya s'accumulent

Les Syriens de l'étranger appelés à rentrer chez eux. C'est le Premier ministre chargé de la Transition, Mohammad al-Bachir, qui a fait l'annonce ce mardi 10 décembre, indiquant que leur retour permettra au pays "de prospérer". 

"La Syrie est désormais un pays libre qui a gagné sa fierté et sa dignité. Revenez. Nous devons reconstruire et nous avons besoin de l'aide de tous", a-t-il fait savoir dans le quotidien italien Corriere della Sera. Le pays doit en effet se reconstruire après avoir été à nouveau ravagé par la guerre civile. 

Mais pour le moment, à Damas, dans l'hôpital de la capitale syrienne, les habitants ne peuvent que constater les exactions commises par le régime de Bachar Al-Assad. Sur un mur de l'entrée de l'établissement, des photos de corps sont affichées et une foule se presse à la recherche de proches. 

À l'intérieur, quarante corps issus des fosses de la prison de Saidnaya sont arrivés. Des corps tuméfiés, parfois très amaigris, sur lesquels des traces de torture sont visibles. Pour la plupart, ils sont difficilement identifiables. Il est donc demandé aux familles de se rendre au plus vite à cet hôpital pour procéder à leur reconnaissance.

La chasse aux proches de Bachar al-Assad

Les Syriens sont pressés de tourner cette page du régime de Bachar al-Assad. Les rebelles du HTS commencent d'ailleurs à reprendre sporadiquement en main l'administration du pays. Ils se sont installés dans des bâtiments différents de ceux de l'administration de Bachar al-Assad, car ces derniers ont été pillés.

Ils ont commencé à reprendre la main, notamment par la gestion de la vente de cartes SIM pour avoir de la connexion qui a repris. La chasse aux anciens dignitaires du clan du dictateur déchu est aussi lancée. Une liste de noms a été publiée pour les retrouver dans le pays et les emprisonner.

Certains commerces sont ouverts et l'électricité fonctionne plutôt bien dans la ville. En revanche, pour ce qui est de la vie courante, elle n'a pas totalement repris. Les écoles sont toujours fermées et les enfants errent dans les rues avec leurs parents. La plupart des entreprises sont aussi portes closes. Le couvre-feu est tôt, à 16 heures, afin que la population n'encombre pas les rues. C'est le signe que la période d'incertitude n'est pas terminée. Mardi soir, de nombreux tirs d'armes à feu résonnaient dans les rues sans que l'on sache leur provenance ce mercredi.