Youri a 83 ans, il n’est jamais sorti d’Ukraine, hormis pour son voyage de noces en 1981 à Saint-Pétersbourg, quand son pays et la Russie n’en formait qu’un : l’URSS. Habitant de Kharkiv, il a vécu plusieurs jours sous les intenses bombardements.
Grâce à sa voisine Olena, ce grand-père a pu s’échapper le 4 mars dernier, monter dans un train bondé et rejoindre la frontière Polonaise. Ce voyage a duré une semaine. Il a fallu traverser le pays d’Est en Ouest, frôler Kiev, avec les risques que cela comporte, mais c’était ça ou mourir de faim, de froid ou d’un missile tiré par l’armée russe.
Sa petite-fille le retrouve dans un hôtel de Cracovie. Les retrouvailles sont chaleureuses, à la hauteur de la frayeur qui a escorté Marisha depuis le début de la guerre. "Tout va bien, aucun problème", sourit papy Youri, né sous Staline. Notre objectif est de rejoindre Marseille par le rail, car le grand-père a une santé trop fragile pour prendre l’avion.
La gare de Cracovie, en liaison routière avec la ville de Lviv en Ukraine, est le premier point de passage des réfugiés. Partout, dans les halls : des matelas au sol, des montagnes de bagages, parfois de simples sacs emportés à la hâte. Beaucoup d’enfants, beaucoup de personnes âgées, beaucoup de femmes, très peu d’hommes. Le visage fatigué, ils sont épaulés par des centaines de volontaires nuit et jour.
Ces volontaires reconnaissables à leurs gilets jaunes fluo parlent plusieurs langues et apportent nourriture, produits d’hygiène, renseignements et soutient moral. Les denrées viennent parfois de France. Des dortoirs spécifiques pour les bébés et leurs mamans ont été installés dans des pièces de la gare.
Un train quotidien, en direction de Berlin, est gratuit pour les Ukrainiens. Mais la ligne est saturée : prochain départ dans une semaine ! Nous payons donc nos billets sur des lignes régulières pour rejoindre la capitale Allemande après une escale à Varsovie. Dans ces wagons pleins mais praticables, les gens sont calmes, un peu perdus, très disciplinés. Pas d’esclandre mais parfois quelques larmes, lorsque l’on apprend qu’il va falloir dormir une nouvelle nuit à même le sol. Fuir l’Ukraine, pour aller où ?
"Heureusement qu’il y a ces volontaires, parce-que beaucoup de gens ont l’air de ne pas savoir où aller, ils n’ont pas de programme", dit Marina qui capte des bouts de conversation le long des quais.
Arrivé à Berlin, le flot se disperse : certains partent aux Pays-Bas, d’autres en France, en Espagne ou reste en Allemagne. Les démarches pour entrer dans l’UE ont été simplifiées à l’extrême : une carte d’identité Ukrainienne suffit.
La solidarité et la mobilisation d’urgence, très efficace sur ces premiers jours de guerre, va devoir faire place à un suivi plus personnalisé dans les semaines à venir. Marisha a décidé de prendre en charge son grand-père à 100%, Olena a quelques économies et espère bientôt pouvoir travailler en France. Leur objectif est d’attendre que les combats baissent d’intensité, que les bombardements cessent pour rentrer à Kharkiv. Si leur maison est encore debout.
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