L'opposant russe Alexeï Navalny continue d'utiliser les réseaux sociaux comme arme de lutte contre le pouvoir russe, et comme outil de communication alors même qu'il est incarcéré. Ce lundi 15 mars, celui qui a survécu à un empoissonnement au novitchok et a choisi de revenir en Russie mener son opposition à Vladimir Poutine, a publié un message sur Instagram. Il y assure être détenu dans un "camp de concentration".
Il a ainsi expliqué être dans une prison de sinistre réputation, et décrit ses conditions de détention. Cela faisait plusieurs jours qu'Alexeï Navalny, condamné à deux et demi de prison, était difficilement localisable. "Il faut reconnaître que le système carcéral russe a réussi à me surprendre. Je ne pensais pas qu'on pouvait construire un camp de concentration à 100 km de Moscou", a écrit ce militant pourfendeur de la corruption âgé de 44 ans.
Alexeï Navalny a en outre précisé qu'il se trouvé à deux heures de route de la capitale, vers l'Est, dans la colonie pénitentiaire numéro 2. Celle-ci se trouve dans la périphérie de la ville de Vladimir.
Confrontés au mutisme des autorités pénitentiaires, ses avocats essayaient depuis plusieurs jours de repérer le lieu exact de sa détention, depuis son transfert fin février après sa condamnation en appel. Cette condamnation, qui a suivi son retour en Russie, a suscité une vague de manifestations fermement réprimées par les autorités russes et une indignation internationale. Citée par les agences de presse russes, l'avocate Olga Mikhaïlova, qui le défend, a affirmé lundi qu'elle avait pu finalement rencontrer son client dans cette colonie.
Fidèle à son humour grinçant, Alexeï Navalny a assorti son message d'une ancienne photo de lui, non-datée, le montrant le crâne rasé. "Trois choses continuent de me surprendre : le ciel étoilé au-dessus de nous, l'impératif catégorique (loi morale dont toutes les maximes sont universelles et inconditionnelles, ndlr) au fond de chacun, et l'incroyable sensation de passer sa main sur son crâne tout juste rasé", a-t-il noté. Il ajoute que tous ses faits et gestes sont enregistrés par des caméras : "Tout le monde est sous surveillance et la moindre infraction donne lieu à un rapport".
Plusieurs anciens détenus ont décrit auparavant la dureté des conditions de détention dans cet établissement aux clôtures surmontées de barbelés. Cette prison, lointain héritage du Goulag soviétique, fait partie des 684 camps de travail accueillant 393.000 prisonniers en Russie. L'opposant Konstantin Kotov, qui y a passé plus d'un an, a affirmé à l'AFP que les prisonniers n'y avaient quasiment pas de temps libre et étaient complètement coupés du monde extérieur.
En donnant des nouvelles, Alexeï Navalny a expliqué que, pour le moment, il n'avait encore subi aucune violence. Néanmois, il a assuré croire désormais les récits ayant fait état d'exactions en observant "l'attitude tendue des détenus quand ils se tiennent au garde-à-vous et ont peur de bouger un peu la tête".
Arrêté en janvier dès son retour à Moscou de cinq mois de convalescence en Allemagne après l'empoisonnement dont il accuse le Kremlin, Alexeï Navalny est visé par de multiples affaires judiciaires qu'il considère comme ayant un caractère politique. Il a été condamné dans une affaire de fraude datant de 2014 que lui-même, les ONG et de nombreuses capitales occidentales jugent politique.
Alexeï Navalny était tombé subitement dans le coma en août dernier pendant une tournée électorale en Sibérie. Après son évacuation d'urgence en Allemagne, trois laboratoires européens ont estimé que l'opposant avait été empoisonné à l'aide d'un agent innervant, le Novitchok, mis au point à l'époque soviétique.
L'opposant et ses proches accusent depuis une équipe des services de sécurité russes (FSB) d'avoir été à l'origine de cet empoisonnement sur ordre de Vladimir Poutine, ce que les autorités russes démentent avec véhémence, ayant avancé différentes versions expliquant la maladie soudaine de l'opposant.
L'arrestation d'Alexeï Navalny a provoqué d'importantes manifestations en Russie, auxquelles les autorités ont répondu par plus de 11.000 arrestations. L'UE comme les États-Unis exigent la "libération immédiate" de l'opposant.
Des experts de l'ONU ont réclamé une enquête internationale sur son empoisonnement et l'UE comme Washington ont sanctionné de hauts responsables russes dans cette affaire.
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