Plusieurs figures de la droite américaine
s’apprêtent à ne pas voter pour le président Trump en novembre, conséquence
plutôt inattendue du mouvement anti-raciste aux États-Unis.
La semaine dernière, son ancien ministre de
la Défense, le général Mattis, reprochait dans une tribune à Donald Trump d’être un danger pour l’Amérique. Dans la foulée, d’autres hauts gradés ont
pris leurs distances avec le président, y compris le général Kelly, qui était
son principal collaborateur à la Maison Blanche.
La sénatrice républicaine Murkowski a
approuvé les propos du général Mattis, en disant "nous arrivons à un point
où nous pouvons être plus honnêtes avec les inquiétudes que nous pouvons avoir
en interne et avoir le courage de nos propres convictions pour parler".
C’est un peu de la langue de bois, mais ce qu’elle veut dire c’est que les
déclarations accablantes du général Mattis ont donné un signal. Ça permet à
d’autres républicains de sortir du bois, ceux qui ne se sont jamais totalement
fondus dans le trumpisme.
Il y a quelques heures, le sénateur Romney,
le candidat du parti à la présidentielle en 2012, le seul à avoir voté la destitution du président Trump, a participé à une marche vers la Maison Blanche
avec le slogan Black Lives Matter, les vies noires comptent, qui est la formule
de ralliement du mouvement. C’est du jamais vu.
Des personnages en coulisses, des
conseillers politiques ont créé des groupes qui financent et diffusent des publicités télé très anti-Trump en se présentant bien comme des républicains.
Il y a aussi le général Colin Powell,
proche collaborateur de trois présidents républicains, Reagan et les Bush,
ancien chef d’état major des armées, ancien conseiller à la sécurité nationale,
ancien secrétaire d’État… C’est-à dire trois des postes les plus importants. Il a annoncé publiquement qu’il votera Biden, parce que, dit-il, "le président Trump ment tout le temps". Powell avait
déjà appelé à voter Obama et n’a pas voté Trump en 2016. Donald Trump, par tweet, répond que Powell
est l’un des responsables de la guerre en Irak. On se souvient de lui face à
Villepin au Conseil de sécurité.
Le camp Bush ne devrait pas se ranger
derrière le candidat Trump. La question est plutôt de savoir si les Bush, ou
d’autres figures du parti républicain, comme la veuve du sénateur McCain,
candidat du parti à la présidence en 2008 face à Obama, vont appeler
explicitement à voter Biden.
Mais est-ce que tout cela peut nuire à
Donald Trump ? Qu’autant de figures du camp républicain qui s’apprêtent à ne
pas soutenir ou ne pas voter pour le président sortant de leur parti, ou même à
voter pour le candidat démocrate, c’est inédit.
Le président Trump peut habilement
retourner la situation. Ça peut l’aider à démontrer qu’il est toujours le
candidat qui dérange l’Establishment, comme en 2016. On l’a oublié mais, à
l’époque, toutes les grandes figures du parti l’avaient vigoureusement combattu
avant qu’il ne soit élu à leur grande surprise.
Pour l’instant, dans les sondages, le
soutien des sympathisants républicains pour le président reste très solide.