INVITÉ RTL - Mort de Hassan Nasrallah : "c'est peut-être le moment pour que l'État libanais s'affirme", raconte Georges Malbrunot

Depuis le Liban, le grand reporter du Figaro et éditorialiste de RTL Georges Malbrunot parle d'un pays "en état de choc" après la mort du chef charismatique du Hezbollah Hassan Nasrallah dans un bombardement israélien d'une puissance inouïe vendredi 27 septembre dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement. 

Conséquence : face aux incessantes frappes de Tsahal, "des centaines et des centaines de personnes ont fui le quartier de Dahieh", un quartier qui ressemble aujourd'hui "à une ville fantôme avec de nombreux immeubles détruits". Pour aller où ? Elles se sont installées "sur la Corniche, dans les écoles ou dans les villages autour", raconte le journaliste.

"Face à ce drame humain", il souligne aussi la "vraie solidarité". Les ONG "distribuent à manger". Le Programme alimentaire mondial (PAM) a d'ailleurs lancé une opération d'urgence pour fournir une aide alimentaire à un million de personnes. "Une nouvelle escalade du conflit ce week-end a souligné la nécessité d'une réponse humanitaire immédiate", explique l'agence ce dimanche dans un communiqué.

"L'impression que le Liban vit un moment de bascule"

Malgré l'élimination du chef du Hezbollah, le puissant groupe chiite allié du Hamas palestinien "n'est pas mort", assure Georges Malbrunot. Si le mouvement "a pris de sérieux coups" et si "sa branche militaire a été décapitée", sur le terrain, "cette organisation décentralisée continue de riposter à Israël". 

Aujourd'hui, "tout le monde se pose la question de savoir jusqu'à quand l'Iran, son parrain, celui qui l'a créé en 1982, va-t-il refuser de voler à son secours." Le journaliste pointe finalement une "espèce d'entre-deux" au Liban avec "beaucoup plus d'interrogations que de réponses" dans un "climat assez lourd" avec une "grande détresse" chez la population.

Dans ce pays à l'unité très fragile même si, loin de là, tout le monde n'aimait pas le Hezbollah, il y avait une certaine unité nationale qui s'était reconstituée, explique l'expert. Il y a un million de personnes qui sont déplacées, il y a beaucoup de civils qui sont tués, ici dans les attaques israéliennes, mais aussi à Gaza. Donc il y a un sentiment quand même anti-israélien qui est assez fort."

Au Liban, "le pouvoir politique n'existe pas", estime-t-il. "Le Hezbollah dominait politiquement, militairement. Aujourd'hui, militairement, il est tout de même réduit. Donc certains estiment que c'est peut-être le moment pour que la souveraineté libanaise, l'État libanais s'affirme. Mais c'est vrai qu'il y a une grande détresse de la population. Il y a toujours ces interrogations derrière : qu'est-ce que va devenir le Liban après ? Certains espèrent que peut-être justement cette attaque sur le Hezbollah permettra de réduire un peu son emprise. D'autres se disent qu'il faut continuer la lutte parce qu'Israël de toute façon n'arrêtera pas. Donc c'est beaucoup de questions, beaucoup d'interrogations, peu de réponses et puis toujours le choc.