Nous sommes le 2 juillet 2008. Ce soir-là, je suis dans un restaurant à Paris, avec quelques amis, on trinque à la vie, à l’amitié et à mon anniversaire. Quand soudain, les téléphones des convives se mettent à vibrer, le silence se fait, la nouvelle vient de tomber : Ingrid Betancourt, l’otage dont on suit avec inquiétude la captivité depuis 2.319 jours dans la jungle colombienne, vient d’être libérée. Ce soir-là, on lèvera nos verres à sa liberté.
Ingrid Betancourt, franco-colombienne était candidate à l’élection présidentielle de la Colombie quand elle a été enlevée avec sa directrice de campagne Clara Rojas le 23 février 2002 par les Farc, les Forces Armées révolutionnaires. Elle avait 41 ans et deux jeunes enfants, Mélanie et Lorenzo.
Depuis, le monde entier a suivi sa captivité au travers de vidéos où Ingrid Betancourt apparaît amaigrie et épuisée. Plus tard, elle évoquera des "tortures, vexations et humiliations" et affirmera avoir été traitée comme un chien, attachée à un arbre près des latrines, après une énième tentative d’évasion. "Je vais mal physiquement, je ne suis pas réalimentée, j’ai l’appétit bloqué, les cheveux me tombent en grande quantité, je n’ai envie de rien", écrira-t-elle à sa famille en 2007.
Malgré les sévices, il ne faut surtout pas perdre Ingrid Betancourt pour les Farc, car depuis la jungle où elle est retenue, elle devient au fil des ans, un trésor de guerre inestimable qui garantit à ses geôliers une médiatisation inespérée dans la presse internationale.
C’est dans la province de Guaviare, dans le sud-est de la Colombie qu’a eu lieu l’opération baptisée "Échec et Mat" et qui a permis la libération des otages sans le moindre coup de feu. Un coup de génie de la part de l’armée qui, quelques temps auparavant, avait infiltré l’organisation terroriste.
Ce 2 juillet 2008, les Farc ont reçu l’ordre de réunir tous les otages alors divisés en 3 groupes fin d’organiser leur transfert dans le sud du pays. Deux hélicoptères repeints en blancs avec des soldats déguisés en guérilleros survolent la zone. L’un d’eux se pose. Malgré leurs protestations, les otages sont sommés de monter à bord.
"J’ai vu qu’ils avaient des T-shirts de Che Guevara, je me suis dit c’est des Farc", expliquera Ingrid Betancourt plus tard. "Ils ont fermé les portes de l’hélico, on a décollé, et là il s’est passé quelque chose, je n’ai pas compris tout de suite… J’ai vu le commandant des Farc ligoté devant moi dans l’hélico, le chef de l’opération m’a dit : 'Nous sommes l’Armée Nationale, vous êtes libres !'. L’hélicoptère a failli tomber tellement on sautait de joie, on pleurait, on s’embrassait".
Retour ce soir dans Jour J de 20h à 21h sur une libération que l’on aura attendue plus de 6 ans et qui aura mobilisé la France et le monde entier. Notre invité sera Hervé Marro, ancien président du comité de soutien d'Ingrid Betancourt.
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