"Ils m'ont emprisonné et frappé pendant des jours" : les Syriens témoignent de la face sombre du régime de Bachar al-Assad

À Damas, la capitale syrienne, de nombreux habitants se confient sur les horreurs perpétrées pendant des années sous le régime de Bachar al-Assad, notamment les détentions arbitraires et massives. L'atmosphère est étrange : d'un côté, les célébrations, les tirs de joie, les photos de Bachar al-Assad arrachées des murs ; de l'autre, les langues se délient sous le drapeau des rebelles.

Sacha, qui a participé au printemps arabe en 2011 avec des amis, raconte au micro de RTL : "On manifestait et ils nous ont tous emmenés. On a été maltraités. On nous a mis dans un sous-sol, dans un centre de rétention. C'était violent. Ils ont frappé mes amis. Les mots qu'ils utilisaient étaient humiliants." Après dix jours, elle a été libérée, contrairement à certains de ses camarades.

Dans la capitale, des enfants grimpent sur un char de l'armée syrienne abandonné. Mohamed, un père de famille, a vécu une expérience similaire : "J'étais sorti dans la rue un jour de manifestation. Ils m'ont emprisonné et frappé pendant des jours. À la fin, ils m'ont donné deux choix : rejoindre l'armée ou payer trois mille dollars. J'ai payé."

Ces récits de détention sont nombreux depuis la chute du régime. Mohamed confie n'avoir jamais partagé son histoire auparavant.

"Ce régime a fait disparaître mon fils"

Des familles cherchent désespérément leurs proches disparus. Au milieu du chaos, des rebelles du HTS patrouillent en treillis. Une femme les interpelle, brandissant une photo : "Il a disparu en 2012. Voici sa photo." Le groupe lui répond : "On va faire ce qu'on peut, madame."

Sur son téléphone, le visage tuméfié de son fils apparaît. Elle est sans nouvelles depuis des années. "Il roulait seul un jour de manifestation et ils l'ont pris. Comme il a refusé de les suivre, ils l'ont tabassé le premier jour. Je suis sûre qu'ils l'ont tué en prison. On m'a envoyé cette photo de son visage en sang. Où est-il ? Ce régime a fait disparaître mon fils. Je cherche son corps depuis dimanche. Je vais peut-être enfin pouvoir le retrouver. Tout ce que je demande, c'est que justice soit faite et qu'on me rende le corps de mon fils", s'exclame-t-elle.

Elle place désormais ses espoirs dans les fouilles en cours dans certaines prisons. Les rebelles lui ont promis de le retrouver, une promesse qu'ils renouvellent publiquement depuis dimanche à toute la population, car des dizaines de milliers de personnes manquent à l'appel depuis plusieurs années.