Un grand pays reste discret dans la crise ukrainienne : la Chine. Les Chinois se sont fait prendre les doigts dans la porte, et ce n’est pas si fréquent. Voilà trois semaines, lors de l’ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, Xi Xinping et Vladimir Poutine célébraient de concert une amitié et un partenariat "sans limite", tout en critiquant sans mesure les États-Unis et l’OTAN, jugés coupables d’impérialisme.
Les deux hommes s’entendent bien, se connaissent bien, ils se sont rencontrés à 38 reprises depuis que Xi Jinping est au pouvoir. Et chacun a son obsession : l’Ours russe veut récupérer l’Ukraine, le Panda chinois, Taïwan, Deux animaux, qui ont tous les deux face à eux l’Occident qui montre les dents. Et voilà que depuis le déclenchement de l’invasion par les Russes, les Chinois sont moins enthousiastes vis-à-vis de Moscou.
Même s’ils se sont abstenus à l’ONU lors du vote de la condamnation de Moscou, ils militent désormais pour une résolution pacifique du conflit. Et ambitionnent de jouer les médiateurs. Un officiel chinois s’est même entretenu au téléphone avec son homologue ukrainien.
Sans doute Xi Jinping s’est-il fait enfumer, lui aussi, par Poutine. Il ne croyait pas à a guerre, au moins par sur tout le territoire ukrainien. Et surtout, il y a eu ce feu nourri de sanctions économiques, qu’on n’imaginait pas il y a trois semaines.
Il est probable que la Chine ait peur. L’alliance internationale des sanctions a impressionné Pékin. Une alliance où figure même le pays le plus neutre du monde, la Suisse. Où les entreprises pétrolières décident spontanément d’en rajouter sur les sanctions, en prenant les devants pour sortir de Russie et ne plus commercer avec Moscou, au point que le pétrole russe ne se vend plus que péniblement, avec un rabais jamais vu. Où les plus grands transporteurs maritimes refusent désormais les chargements russes. Où les constructeurs auto arrêtent leurs usines dans la toundra.
Et surtout, une alliance qui a réussi à priver la banque centrale russe de son pouvoir de soutenir le rouble et d’arrêter l’inflation, et à mettre en quasi-faillite certains établissements bancaires.
Les Chinois ont peur et ils ont bien raison. En fait, cette dégelée de sanctions est aussi un message pour la Chine, qui a été parfaitement reçu. Jusqu’ici, la diplomatie chinoise considérait que pour récupérer Taïwan, au besoin par la force, il suffisait d’attendre le bon moment. Car jamais les États-Unis n’engageraient leurs troupes pour défendre l’île renégate, au risque de tuer des "marines". Le retrait d’Afghanistan les a d’ailleurs confortés dans leur analyse. Et voilà que tout change. Car les Occidentaux ont inventé une nouvelle façon de faire la guerre, "propre", c’est-à-dire sans risquer leur sang. Cela change l’équilibre des forces.
Cela pourrait d'ailleurs calmer les Chinois sur Taïwan, mais pas durablement. Ils entendent le rapport de force, surtout quand il s’établir à leur détriment. On ne connait pas encore les effets économiques détaillés de ces sanctions et on aura peut-être des surprises, bonnes ou mauvaises. Toutefois, elles ont réussi le tour de force de redonner des munitions à l’Amérique dans son combat contre la Chine, et à l’Europe, qui se trouve plus unie qu’elle ne l’a jamais été sur un sujet international.
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