ÉDITO - Chine : avec Xi Jinping, Donald Trump a-t-il enfin trouvé un adversaire à sa taille ?

Xi Jinping défie Donald Trump dans une guerre commerciale intense, exploitant les faiblesses économiques américaines. L'éditorialiste de RTL, Georges Malbrunot, analyse cette stratégie.

Donald Trump et Xi Jinping à Mar-a-Lago en 2017

Crédit : JIM WATSON / AFP

CHINE - Avec Xi Jinping, Trump a-t-il enfin trouvé un adversaire à sa taille ?

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Donald Trump aurait-il trouvé plus coriace que lui ? Le président américain serait-il en train d’être pris à son propre jeu ? Ce qui est sûr, c’est que le président chinois Xi Jinping ne se laisse vraiment pas impressionner par le locataire de la Maison-Blanche.

En effet, selon la presse américaine, le leader chinois aurait même refusé de prendre Donald Trump au téléphone. Une vilaine manière qui n’est cependant pas confirmée. Avec sa guerre commerciale contre la Chine, le président américain prend en effet de gros risques. Depuis quelques semaines sur les réseaux sociaux, les influenceurs chinois claironnent que Pékin va sortir vainqueur de cette guerre.

La preuve, selon eux, le samedi 12 avril, Donald Trump a été contraint d’exempter temporairement les téléphones et produits électroniques de ses taxes douanières. Sinon, les prix des smartphones auraient explosé.

Quels sont les arguments de poids de la Chine face à Trump ?

Dans ce bras de fer, Pékin a des atouts. Les États-Unis exportent surtout vers la Chine des céréales, du soja notamment, des produits dont les Chinois peuvent se passer en se tournant vers l’Amérique du Sud. En revanche, les États-Unis auraient du mal à faire sans les produits électroniques chinois, les médicaments et les terres rares, qui par définition sont quasiment impossibles à remplacer.

L’autre problème pour Donald Trump, c’est que les entreprises américaines produisent en Chine, alors que les entreprises chinoises ne produisent pas Outre-Atlantique. Apple, par exemple, la plus grande capitalisation boursière au monde, fabrique en Chine.

Le géant ne pourrait pas délocaliser du jour au lendemain sa chaîne de production sophistiquée. C’est d’ailleurs pour cela que Donald Trump a remisé pour l’instant son marteau douanier. D'ailleurs, si les Chinois achetaient moins de produits aux États-Unis, ce seraient d’abord les agriculteurs américains qui en souffriraient, notamment dans les États ruraux qui ont élu Donald Trump.

Et puis, n’oublions pas que la Chine est la banque des États-Unis, elle détient d’importants stocks d’obligations d’États américains. Bref, même si Pékin n’a qu’un peu plus de 2% de la dette américaine totale, si M. Xi Jinping décidait de vendre ces obligations, cela ferait plonger leur valeur. Ce ne serait pas bon du tout pour l’économie américaine.

Vers quels autres pays la Chine se tourne pour d'éventuelles alternatives ?

En parallèle, Pékin réoriente sa diplomatie en Asie du Sud-Est avec un objectif : resserrer les liens avec ses partenaires stratégiques pour saper cette offensive tarifaire américaine. Xi Jinping était ces derniers jours en tournée au Vietnam, en Malaisie et au Cambodge.

La Chine s’y est présentée comme un voisin fiable, sous-entendu face à une Amérique imprévisible. Une Amérique qui accuse ces pays d’Asie du Sud-Est de servir de plateforme aux industriels chinois pour contourner les droits de douane américains. D’où la colère de Trump pour qui le voyage du numéro un chinois au Vietnam visait à "entuber" les États-Unis.

Alors, nul ne sait si au final Xi Jinping parviendra à ce que Donald Trump annule complètement les droits de douane de 145% imposés aux produits américains. Mais dans son "mano a mano", le leader chinois a un autre avantage. Donald Trump a des élections à mi-mandat dans moins de deux ans, l’autocrate Xi Jinping, lui, n’a pas ce genre de préoccupations.

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