Quand les puissants de ce monde se parlent, ils ont tendance à décrocher tout simplement leur portable. Sauf que quand on est chef d'État, appeler un collègue sur son 06, ce n'est pas sans risque.
Avec la guerre en Ukraine, Emmanuel Macron a pratiquement tous les jours au téléphone Volodymyr Zelensky, un responsable européen. Très concrètement, le président de la République utilise son téléphone crypté de type Ercom et Suneris.
Crypté, cela veut dire que théoriquement, ses échanges sont sécurisés. Mais dans ce domaine où la guerre entre États fait rage, tous les spécialistes vous le diront, la sécurité n'est jamais complète.
Et encore faut-il qu'en face, le receveur soit équipé du même système, ce qui est en général le cas chez les dirigeants des États qui nous sont alliés en Ukraine, en Afrique ou encore au Moyen-Orient.
Sinon, lorsque Emmanuel Macron téléphone par exemple au président iranien, un ingénieur de l'Élysée va à l'ambassade d'Iran à Paris pour échanger ce qu'on appelle une clé crypto qui permettra une conversation sécurisée entre les deux dirigeants.
Là où cette stratégie pose un problème, c'est quand le président de la République, utilise par exemple WhatsApp.
Emmanuel Macron en fait un usage assez poussé. On se souvient de l'affaire Pegasus, ce logiciel espion israélien qui fut le premier à casser la messagerie WhatsApp.
Via Pegasus, le Maroc avait écouté Emmanuel Macron. Cela ne l'empêche pas de continuer d'envoyer des messages WhatsApp écrits à tonalité diplomatique à des interlocuteurs, comme il l'a fait récemment encore dans le Golfe, selon un témoin de ces échanges qui l'a confié à RTL.
Alors évidemment, cette diplomatie du portable permet d'aller vite pour faire avancer les dossiers, alors que s'il fallait passer par les canaux diplomatiques classiques, ce serait plus long.
Mais au-delà de la confidentialité qui n'est pas garantie, elle pose un autre problème. C'est qu'un président féru de WhatsApp fait tout dans son coin. S'il partage l'intégralité de ses échanges avec ses conseillers, ça va. Mais s'il ne fait pas ensuite un débriefing avec son entourage, c'est plus problématique.
Emmanuel Macron n'est pas le premier. Avant lui, d'autres présidents étaient aussi friands de téléphones un peu particuliers.
Jacques Chirac, notamment dans les années 1990, avait fait poser ce qu'on appelait alors des téléphones rouges. Par exemple, dans la chambre à coucher de son ami, le Premier ministre libanais Rafic Hariri, en accord avec lui.
C'est l'attaché de la défense, auquel incomba cette délicate mission qui me raconta son aventure quand il dut installer à Beyrouth une ligne sécurisée au milieu d'innombrables cintres et de boîtes de chocolat.
C'est aussi le cas en Afrique ou en Syrie où des ingénieurs de la défunte société Alcatel allaient reposer des téléphones cryptés chez les dirigeants de ces pays. Mais là, il s'agissait aussi de recueillir des renseignements, car nos services avaient gardé la possibilité d'écouter toutes les conversations des heureux bénéficiaires du cadeau français.
Ultime précision, nos grandes oreilles, si bien nommées, ont aussi la capacité technique d'écouter les conversations de nos présidents de la République, d'où la traditionnelle méfiance des politiques envers les services de renseignement qui en connaissent un rayon sur leurs turpitudes.
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