Chef du Hezbollah, théologien, culte de la personnalité : qui est Hassan Nasrallah, tué par l'armée israélienne ?

Un tournant peut-être dans la guerre au Proche-Orient. Si elle est confirmée, la mort de Hassan Nasrallah - vu comme l'homme le plus puissant du Liban - ébranlerait son parti, déstabiliserait le pays et serait considérée comme une victoire majeure d'Israël face à l'Iran et ses alliés dans la région. 

"Hassan Nasrallah est mort", a déclaré ce samedi 28 septembre sur X un porte-parole de l'armée israélienne, le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, dans la frappe qui a visé la veille une zone de la banlieue sud de Beyrouth, présentée par Israël comme le QG du mouvement. "Le plus grand terroriste a été éliminé", peut-on lire sur l'un des principaux sites d'informations israélien. 

Plus proche allié de l'Iran, ennemi juré d'Israël, le Hezbollah a confirmé plus tard dans la matinée la mort de son leader. "Sayed Hassan Nasrallah a rejoint ses compagnons martyrs [...] dont il a conduit la marche pendant près de trente ans", a annoncé le mouvement dans un communiqué. Avec d'autres membres du groupe, ce dernier a été tué "dans un raid sioniste perfide". Une élimination qui va porter un coup très dur au mouvement islamiste armé libanais, plus dur encore que les explosions des bipeurs, mais aussi à l'Iran.

Architecte de la montée en puissance du Hezbollah

Hassan Nasrallah est né le 31 août 1960 dans une modeste famille de neuf enfants, dans l'ancienne "ceinture de misère" qui enserrait Beyrouth. Adolescent, il étudiait la théologie dans la ville sainte de Najaf, en Irak, mais doit partir lors de la vague de répression antichiite du président irakien de l'époque Saddam Hussein. 

De retour au Liban, il s'engage au sein du mouvement chiite Amal, mais fait sécession lors de l'invasion israélienne du Liban à l'été 1992 pour faire partie du noyau fondateur du Hezbollah, créé sous l'impulsion des Gardiens de la révolution iraniens. Dans une rare interview, il a raconté qu'il jouait au football dans sa jeunesse et aime toujours Maradona.

À la tête du Hezbollah depuis 1992 (il a succédé à Abbas Moussaoui, assassiné par Israël), Hassan Nasrallah était responsable de nombreuses attaques contre des Israéliens. Il a patiemment fat évoluer le Hezbollah, armé et financé par l'Iran, en une force politique incontournable, représentée au Parlement et au gouvernement. Dans le même temps, il a développé l'arsenal de sa formation qui, selon lui, compte 100.000 combattants, et dispose de puissantes armes, dont des missiles de haute précision. 

Le Hezbollah est aujourd'hui le "joyau de la couronne" des alliés de l'Iran dans la région, réunis au sein d'un "axe de la résistance", qui comprend des groupes armés en Irak et les rebelles Houthis du Yémen ainsi que le Hamas palestinien. Depuis le début de la guerre à Gaza entre le Hamas et Israël, Hassan Nasrallah a ouvert le front du sud du Liban pour soutenir son allié palestinien, mais tente jusqu'à présent d'éviter une guerre à grande échelle avec l'État hébreu.

Un véritable culte de la personnalité parmi ses fidèles

Au Liban, cet homme de religion fait l'objet d'un véritable culte de la personnalité parmi ses fidèles, notamment au sein de la communauté musulmane chiite dont il est issu.

Ennemi juré de l'État hébreu, il n'est plus apparu que rarement en public depuis la guerre qui a opposé son mouvement à Tsahal à l'été 2006, et son lieu de résidence est tenu secret. Il reçoit cependant des visiteurs, dont les chefs de formations palestiniennes alliées à sa formation, qui publie les photos des rendez-vous. 

Les journalistes et personnalités qui le rencontrent affirment être conduits par le Hezbollah dans des voitures aux rideaux épais, et avec des mesures de sécurité renforcées, dans un endroit non identifiable. Régulièrement, Hassan Nasrallah prononce des discours retransmis en direct, auquel tout le pays est suspendu.