Un mois après, la colère demeure. Aux cris de "Ils ne sont pas morts, ils ont été assassinés", environ 100.000 personnes ont manifesté samedi 30 novembre dans les rues de Valence (Espagne) pour dénoncer la gestion par les autorités des inondations meurtrières de fin octobre qui ont causé la mort de 230 personnes à ce jour.
Si les habitants demandent la démission du président de la région Carlos Mazon, ils critiquent surtout la gestion de la crise par les autorités, notamment le fait d’avoir alerté la population bien trop tard.
Sur place, à l'avant de cette vague humaine qui a déferlé dans les rues propres de Valence, Patricia porte une combinaison blanche maculée de sang. Elle fend la foule qui s'écarte et l'applaudit : "Ce sont des assassins, ils nous ont laissé nous enfoncer dans la boue jusqu'au cou avec toute cette merde qui nous est tombée dessus. Cette combinaison, c'est est en hommage aux victimes", témoigne-t-elle au micro de RTL.
À 20h11, elle tend au ciel son téléphone portable, comme les milliers d'autres personnes, pour faire entendre l'alarme qu'ils ont reçu à la même heure le 29 octobre dernier mais ce jour-là, bien trop tard. "À 20 h 11, on était déjà perdu. L'eau était montée à trois mètres devant nos maisons et les gens mouraient. On ne voyait rien, il n'y avait pas de lumière, nous étions seuls et désemparés. La seule chose que l'on entendait était un son qui ressemblait à celui de l'océan. L'enfer", raconte-t-elle.
Puis, les manifestants effectuent une minute de silence assourdissante en hommage aux victimes. Rosa ne cache pas sa colère : "Un mètre et demi et on avait reçu aucune alerte, c'est criminel..." La sinistrée a du mal à contenir ses larmes. Son fils, à côté d'elle, prend la parole : "Elle est très émue parce qu’on a perdu la moitié de notre maison."
Après avoir essuyé ses larmes, Rosa explique : "Je n'avais pas pu venir à la dernière manifestation parce que je nettoyais la merde dans ma maison. Ces politiques jouent avec les vies humaines, ils s'en foutent de nous mais ils sont tous coupables." La pancarte tendue par son fils laisse apparaître une inscription à la peinture rouge : "Nos larmes de colère s'ajoutent au sang que nos responsables politiques ont fait couler depuis un mois."
Un mois après cette catastrophe, la colère est encore plus forte à Paiporta, ville la plus touchée par les inondations où 45 personnes ont perdu la vie. Dans cette commune, l’eau ne semble jamais être partie. La boue est absolument partout : sur les routes, sur les carcasses défoncées des voitures et sur ce qu'il reste du salon de Cristina.
Un tas de pierres blanches devant lequel elle nettoie, en combinaison blanche, et avec un lourd jet d'eau, un meuble totalement rongé par le temps et les inondations : "Je suis détruite. Il reste encore tant à faire, on nous parle de reconstruction, mais on en est encore loin. Nous n'avons même pas l'eau potable... Je fais encore des cauchemars de cette nuit-là. Chaque matin, quand je me lève, je vois tous ces dégâts, nos vies qui ne ressemblent plus à rien. On répare quelque chose et le lendemain, il est plein de poussière. C'est un cercle vicieux."
Cristina a à peine la force de lever le doigt pour montrer son mari, José, le visage couvert de boue. Il est assis sur une chaise de jardin en train de boire un peu d'eau, le regard complètement dans le vide : "Mon sous-sol est encore inondé, je ne peux même pas y entrer. C’est une catastrophe, on a essayé d’ouvrir la porte, mais on a senti une odeur immonde. Quand on va dormir, on n’est pas tranquilles, parce qu’on ne sait même pas s’il n’y a pas un ou des corps qui ont été amenés ici par les eaux, je ne sais plus quoi faire."
À Paiporta, il reste encore des dizaines de caves où l'eau n'est toujours pas partie. Dans toutes les rues, des dizaines de combinaisons blanches continuent de s'activer. Marina est l'une d'entre elles : "Le gouvernement nous dit de ne pas entrer dans les caves parce que cela peut être dangereux à cause des virus qu'on peut trouver, mais on dort juste au-dessus. Si on ne libère pas le sous-sol de toute cette merde rapidement, c'est l'immeuble qui risque de s'effondrer."
Elle s'essuie le front avec la main droite sans se rendre compte qu'elle vient d'y étaler de la boue alors qu'elle remet son casque sur le visage et part s'enfoncer à nouveau dans son immeuble à la porte de garage défoncée.
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