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Retraites : ce qu'il faut savoir sur l'histoire tumultueuse de ce régime social

À l'aube d'une nouvelle réforme des retraites en France, François Lenglet revient sur l'histoire tumultueuse de ce régime social.

Illustration de la réforme des retraites

Crédit : AFP / PHILIPPE HUGUEN

Retraites : François Lenglet raconte la naissance de ce régime social

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Retraites : François Lenglet raconte la naissance de ce régime social

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François Lenglet - édité par Noé Blouin

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Le Premier ministre poursuit aujourd'hui ses discussions avec les syndicats, et la fameuse réforme des retraites est sur le point d'être lancée. Edouard Philippe annoncera en milieu de semaine le calendrier et la méthode. Ce sera le dernier chapitre en date de la tumultueuse histoire des retraites en France. 

Figurez-vous qu'on fait des réformes des retraites en France depuis 1910. C'est en effet à cette date que la loi Bourgeois tente d'organiser un système de solidarité pour la vieillesse, qui prend modèle sur le système inventé quelques années plus tôt par le chancelier allemand Bismarck. Celui-ci avait fixé l'âge de la pension à 65 ans, pour l'époque, c'était quasiment l'âge de la fin de la vie. Et les Français adoptent également cette borne d'âge. Auparavant, il existait bien des régimes en France, mais ne concernant que quelques catégories de la population, comme les militaires, certains fonctionnaires, les marins, depuis le XVIIe siècle. 

Attention, cela ne signifie pas que tout le monde est couvert depuis 1910, loin s'en faut. La loi prévoit l'ouverture de comptes individuels, des comptes d'épargne. Ils sont parfois abondés, dans les entreprises les plus progressistes, par une fraction des bénéfices de l'entreprise. C'est le cas chez Michelin par exemple. 

Sur une vieille affiche, Michelin fait de la pub pour recruter à l'usine de Clermont-Ferrand. Il demande, je cite, des ouvriers "bien portants et travailleurs", et leur promet tout un tas d'avantages sociaux, dont un capital retraite. Le problème de ces comptes individuels, c'est la capitalisation, leur valeur va être essorée par la Grande Guerre, en 14, par l'énorme dévaluation de Poincaré, dans les années 20 et la crise des années 1930.

Pour la répartition, il faudra attendre le régime de Vichy, en 1941, sous l'influence d'un haut-fonctionnaire qui s'appelle Pierre Laroque. Lui aussi s'inspire d'idées étrangères, britanniques plutôt, et invente un mécanisme où ce sont les actifs qui payent la retraite des personnes âgées, et non plus que chacun cotise pour soi. Laroque sera bientôt écarté, à cause de ses origines juives, il deviendra résistant, et il sera en 1944, sous l'égide du Général de Gaulle, l'artisan de la création de la Sécurité sociale, et notamment de sa branche retraite.

Il y a de quoi faire sauter plusieurs gouvernements

Michel Rocard
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La retraite moderne commence à partir de là et va connaître une extension progressive. En 1971, c'est le ministre Robert Boulin, mort probablement assassiné, qui augmente le premier la durée de cotisation, pour la faire passer de 30 à 37 ans et demie, tout en augmentant les pensions. En 1982, le gouvernement Mauroy abaisse l'âge de la retraite à 60 ans.

Avant cette réforme, c'est à dire dans les années 70, les Français partaient à la retraite plus tard qu'aujourd'hui, à 64 ans, alors que leur espérance de vie était inférieure de 8 à 9 ans à celle d'aujourd'hui ! L'abaissement à 60 ans déséquilibre complètement le système, et provoque une dérive des comptes qu'Édouard Balladur est le premier à interrompre, en 1993. Cinq réformes verront le jour, sur les 25 ans qui suivent, toujours dans le même sens : plus de cotisations.


Michel Rocard a dit un jour : "vec la réforme des retraites, il y a de quoi faire sauter plusieurs gouvernements". Il ne s'est pas totalement trompé. Le gouvernement Juppé a failli disparaître après la tentative de réforme des régimes spéciaux, en 1995. Quant à la prochaine réforme, elle est explosive, pour deux raisons. Un, il y aura des gagnants, et des perdants. Deux, le système à points ne garantira pas une progression régulière des pensions, comme naguère. Il va falloir tout l'art du lointain héritier de Bismarck, Jean-Paul Delevoye, pour déminer tout cela. 

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