Place au dialogue pour la réforme des retraites. Les partenaires sociaux ont rendez-vous jeudi 5 septembre à Matignon avec le fraîchement nommé Haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, pour deux journées de consultations. Alors que la mobilisation sociale est déjà annoncée pour le mois de septembre.
Toutes les professions espèrent faire un peu bouger le dossier des retraites dans leur sens, mais il y a quelques principes gravés dans le marbre, à commencer par l’accumulation des points pour la retraite. De quoi parle-t-on ?
Quand vous travaillez, vous gagnez un salaire, mais vous réglez aussi des cotisations. Ces cotisations, ce n’est pas de l’argent jeté par les fenêtres. Avec le futur système, chaque fois que vous réglerez 10 euros de cotisation, vous aurez droit à un point. Ils vont s’accumuler tout au long de la carrière. A la fin, plus vous aurez gagné de points et plus vous aurez une grosse pension de retraite.
"À chaque fois que vous aurez un revenu, vous pourrez acquérir des points", explique Jean-Paul Delevoye, le Haut-commissaire à la réforme des retraites. "Chaque point sera immédiatement consacré à augmenter votre pension. Alors qu'aujourd’hui, quelquefois, vous avez des trimestres qui ne vous donnent pas d’augmentation de pension et vous n’avez rien. Il y aura un seul régime de retraite pour tout le monde, et non 42, un maquis de régimes, comme c’est le cas aujourd’hui", ajoute-t-il.
Mais alors combien vaudra un point ? Un point permettra d’avoir 55 centimes d’euros de retraite par an. C’est ce qui est prévu par les auteurs de la réforme. Avec ce prix du point par exemple, si vous gagnez 1.800 euros net par mois durant toute votre carrière, vous aurez accumulé près de 30.000 points.
Et une fois à la retraite, votre pension sera, théoriquement, entre 1.200 et 1.300 euros par mois. Cela signifie que toute la carrière comptera dès les premiers mois de salaires, et non plus comme c’est souvent le cas aujourd’hui, la meilleure partie de la carrière.
Pour ceux qui subissent du chômage, ou ceux qui doivent s’arrêter un peu au cours de leur carrière, que prévoit la réforme ? Ce sera la solidarité qui prendra le relais. Ils auront aussi des points qui s’accumuleront.
Ce sera le cas du chômage, mais également des congés maternité ou des arrêts maladie. Tous ces temps d’arrêt de travail seront compensés et permettront quand même d’engranger des points pour la retraite.
Les gagnants potentiels sont ceux qui ont des carrières à trou. Parce qu’avec les points, quelques heures de travail rapporteront déjà un petit bout de retraite. Alors qu’aujourd’hui, un étudiant, qui fait moins de 150 heures de baby-sitting par exemple, n’engrange rien pour sa retraite.
Quant aux perdants, pour schématiser, ce sera ceux qui empochent beaucoup plus d’argent en fin de carrière qu’au début : les carrières ascendantes. Aujourd’hui, dans le privé ne restent que les 25 meilleures années et dans le public les six derniers mois, les plus rémunérateurs donc. À l’avenir, les fonctionnaires ou salariés du privé, les cadres en particulier, verront aussi leurs tous premiers salaires, plus faibles et incertains, inclus dans leurs droits pour la retraite.
Chez les professions libérales aussi vous aurez les gagnants et les perdants. Étant donné que chaque euro cotisé donnera les mêmes droits, toutes les cotisations vont être alignées. Ceux qui versaient beaucoup jusqu’à présent y gagnent mécaniquement, et ceux qui avaient de très faibles cotisations, forcément paieront plus. Au nombre des perdants, si rien ne change, vous aurez les avocats, architectes, sage-femme, infirmiers.
Et autant dire qu'un tel système agace fortement Michel Picon, le président de l’Union des professions libérales. "Imaginer qu’une réforme des retraites va faire rentrer tout le monde dans un même costume avec une même pointure, ça ne pourra pas se faire. Il faut que les spécificités des professions libérales puissent être respectées", assène-t-il. Les professions libérales font partie des nombreux corps de métiers qui vont tenter de faire bouger les lignes de la réforme.
Ces derniers mois, on a beaucoup parlé de l’âge de départ à la retraite, de l’âge légal de 62 ans, l’âge pivot de 64 ans, la durée de cotisation, jusqu’à cette intervention du chef de l’Etat : "Je préfère qu’on trouve un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge". Quelle est la différence entre âge pivot et durée de cotisation ?
S'agissant de l’âge pivot. Ça veut dire que quel que soit l’état de votre carrière, à 64 ans, vous partez à la retraite avec une pension complète. Avant cet âge, si vous prenez votre retraite, ce qui est possible, ce sera avec une pension amputée tous les mois. Le concept de l’âge pivot, il plait bien aux patrons du Medef, mais les syndicats comme la CFDT, FO et la CGT, y sont farouchement opposés.
D’où peut-être à venir, la seconde solution : celle de la durée de cotisation. Par exemple, si on dit que tout le monde doit cotiser 43 ans. Vous commencez à travailler à 20 ans, vous accumulez vos points, et à partir de 63 ans, vous partez à la retraite. Si maintenant vous avez fait de longues études, commencé à travailler à 30 ans, cela vous fait potentiellement partir à 73 ans.
C’est très théorique, rien de tout cela n’est gravé dans le marbre, mais cette durée de cotisation ne plait pas du tout aux professions libérales. "Le choix qui a été pris d’entrer dans ce débat, en disant c’est la durée de cotisation qui est importante, cela peut régler le problème, mais cela en crée un autre", estime Michel Picon, le président de l’Union des professions libérales. "Nous, professions libérales qui avons de longues études, est-ce qu’on va faire partir les gens à 73 ans, 75 ans ? Enfin, il faut être sérieux".
Avant de pouvoir arrêter un projet de loi, il reste encore pas mal de travail pour tenter d’éviter les tirs de barrages des uns et des autres. Sachant que certains syndicats le disent déjà, peu importe les paramètres, cette réforme, ils sont contre. "Ça fait 26 ans que tous les régimes ont été remis en cause. On a dit depuis le début qu’on n’en voulait pas de cette réforme", affirme Philippe Pihet, de Force Ouvrière.
Et peu importe les réunions d’aujourd’hui et demain, peu importe le débat citoyen, le temps pris pour expliquer, les mobilisations sur la réforme des retraites vont rythmer au moins le mois de septembre, et peut-être même la fin de l’année.
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