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Urgences : "On traite les symptômes, mais pas la maladie", dit François Lenglet

Alors que la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, vient d'annoncer les premières mesures pour désengorger les services d'urgences, le personnel hospitalier n’est pas rassuré pour autant.

Les personnels des services d'urgences défilent à Paris le 6 juin 2019
Crédit : Aurore MESENGE / AFP
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François Lenglet - édité par Camille Descroix
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Quarante-huit heures après les premières mesures annoncées par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, les services d’urgences hospitaliers doutent qu’elles soient suffisantes pour résoudre la congestion.

Ces mesures sont incontestablement bonnes. Il s’agit, par exemple, de dérouter certains patients sur des cabinets de ville, pour désengorger les urgences, ou bien de créer une fonction de super-infirmier, qui pourrait effectuer des actes médicaux lui-même. Mais pour autant, c’est un peu comme donner de l’aspirine à un malade pour faire passer la fièvre. On traite les symptômes, mais pas la maladie. Les urgentistes en grève se retrouveront d'ailleurs le 10 septembre prochain à Saint-Denis

Le véritable problème, c'est l’incessante progression du nombre de passages aux urgences : + 3,5% par an depuis vingt ans, c’est à dire 21 millions de patients en 2018. C’est deux fois plus qu’il y a dix ans, pour 719 services d’urgences dont les moyens n’ont pas augmenté à la mesure de cette croissance.

Un engorgement dû à un rationnement organisé

La cause profonde, c’est le rationnement croissant des soins qui est organisé en France. On réduit le nombre de médecins, directement, avec le numérus clausus, et indirectement, en sous-tarifiant les actes médicaux, c’est-à-dire la rémunération des médecins, ce qui les dissuade. 

La pénurie frappe aussi maintenant les infirmières, également parce que la rémunération est insuffisante. A Soissons, par exemple, il y a des places vides à l’école d’infirmière, alors que c’est un métier en tension, où l’on trouve du travail. Pénurie qui touche enfin les médicaments : on ne trouve plus certaines formes de cortisone, en partie parce que les tarifs de vente, fixés par l’administration en France, sont trop bas, et que les industriels estiment que cela ne vaut pas le coup de produire pour la France. 

C’est la pénurie organisée : notre système de santé ressemble de plus en plus à ces magasins de naguère, dans les pays de l’Est, où les consommateurs faisaient la queue à l’entrée parce que bon nombre de rayonnages étaient vides. Du coup, les patients se tournent vers le seul endroit où il n’y a pas de rationnement, les urgences.

Un moyen de maîtriser les dépenses de santé

En France, c’est le seul moyen de maîtriser la consommation de santé car, chez nous, la santé est presque gratuite : ce qu’on appelle le reste à charge, les dépenses qui ne sont couvertes ni par la sécurité sociale, ni par les mutuelles, ne représente plus que 7,5% du total. C’est un chiffre qui ne cesse de diminuer, sous l’effet d’une couverture santé de plus en plus efficace. 

Parallèlement, il n’y ni limite à la consommation, vous pouvez aller voir trois généralistes dans la semaine, ni limitation dans la prescription pour les praticiens. Dans un tel système, le seul moyen ne pas voir les dépenses s’emballer, c’est le limiter l’offre. Et c’est comme cela qu’on a fait disparaître le traditionnel "trou" de la sécurité sociale, les comptes de la branche maladie sont quasiment à l’équilibre.

Un autre moyen pour limiter les dépenses, c’est d’augmenter les prix, pour dissuader un peu la consommation, et encourager les producteurs à fournir davantage, car ils auraient l’espoir d’augmenter leur rémunération. Pour des raisons politiques et sociales évidentes, la France ne prend pas cette voie, on craint que cela exclut les plus pauvres. En fait, on fait pour la santé exactement ce que fait la Maire de Paris pour décourager les automobilistes, on provoque des embouteillages en rétrécissant la chaussée.

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