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Une plaque à l'entrée de l'École Nationale d'Administration, à Paris le 15 janvier 2013.
Crédit : PATRICK HERTZOG / AFP
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L'École nationale d'administration, plus communément appelée "ENA", est notre fabrique à élites. C'est une école qui prépare, comme son nom l'indique, à la haute fonction publique. La quasi-totalité des directeurs d'administrations en France sont passés par l'ENA, ainsi que de nombreux conseillers de ministres, voire de ministres, même de présidents et Premiers ministres : Emmanuel Macron, François Hollande, Jacques Chirac, Valéry Giscard d'Estaing, Édouard Philippe ou encore Jean Castex, en sont issus.
Or, voici que l'ENA est en pleine révolution : elle cherche à diversifier ses recrutements, pour mieux refléter la diversité sociale française. En clair, pour ne pas sélectionner que des bourgeois, souvent eux-mêmes enfants de la classe dirigeante. Elle veut donc changer son concours d'entrée.
Louable intention, qui débouche sur des idées parfaitement saugrenues. Supprimer l'épreuve de culture générale par exemple, parce que celle-ci induit un biais social. Ou encore plus saugrenu, supprimer l'épreuve d'anglais, qui a été introduite pendant le quinquennat Hollande. C'est une idée d'Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation de la fonction publique : l'anglais, c'est de la sélection sociale ! Parce que cela favorise encore les favorisés, ceux qui ont pu être envoyés par leur famille faire des séjours linguistiques outre-Manche ou outre-Atlantique.
Quand on entend des inepties comme celles-là, on a envie de faire une nouvelle proposition pour réformer : supprimons le concours d'entrée aux grandes écoles, et remplaçons-le par un tirage au sort national, télévisé et présenté par Jean-Pierre Foucault, après celui du loto : gagnez un diplôme de l'ENA ! Et le numéro complémentaire pour HEC ! Là, on serait sûr qu'il n'y aurait aucun biais social, ce serait le monde merveilleux d'Amélie de Montchalin.
Mieux vaut créer des filières d'accès spécifiques
François Lenglet
C'est un problème, mais le traite-t-on en déqualifiant complètement les candidats et le concours ? Mieux vaut créer des filières d'accès spécifiques, ce que l'ENA envisage d'ailleurs, avec des classes Talents. Et sur le fond, une question pointe quand même. Quand on voit les aberrations de la gestion de la crise sanitaire par l'État, on se demande si la priorité, c'est la diversité du recrutement.
Mieux vaudrait se concentrer sur la réforme de l'enseignement dispensé par l'ENA. Pour apprendre aux élèves, par exemple, qu'une attestation de sortie avec 15 motifs, c'est délirant. Que permettre la vente des pyjamas pour les enfants de moins de deux ans en interdisant celle des pyjamas pour trois ans, c'est un défi à l'entendement des gens qui vivent dans un monde normal. Que de considérer les disquaires comme magasins essentiels alors qu'ils ont disparu depuis vingt ans, c'est surréaliste.
Mieux vaudrait, en un mot, apprendre aux futurs fonctionnaires le bon sens. J'ajoute que l'affaire de l'anglais au concours est assez symptomatique du peu de cas que la France et ses élites font de l'extérieur. L'anglais, c'est une fenêtre sur le monde, c'est la possibilité de se comparer aux autres pays, de tirer profit des expériences étrangères. Faire du benchmark, comme on dit. Cela ferait un grand bien à notre fonction publique, et probablement encore un bien supérieur aux administrés que nous sommes.
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