Uber, la société de VTC, annonce qu’elle va accorder à ses 70.000 chauffeurs britanniques le statut de salarié. Une révolution : jusqu’à présent, les chauffeurs Uber travaillaient sous le régime des indépendants, en étant payé à la tâche, sans protection sociale, et sans garantie aucune.
La cour suprême britannique, saisie par des chauffeurs, a décidé qu’ils devaient être considérés, et payés, comme des salariés. Qu’ils avaient notamment le droit à des congés payés et à des cotisations retraites, parce que leur donneur d’ordre d’exclusif est Uber, et qu’ils sont évalués par Uber. Le rapport de dépendance exclusive est avéré.
La société californienne se soumet donc à la juridiction ultime britannique, et accepte de considérer ses chauffeurs comme des salariés, après cinq ans de bataille dans les tribunaux. Ca va lui coûter bien plus cher.
Parce que cela remet en cause, non seulement le modèle économique de la société Uber, mais celui de toute l’économie des VTC et des livraisons de repas. Tout ce qu’on appelle l’économie à la demande, qui fonctionne avec une appli sur smartphone reliée à une plate-forme.
Pour l’instant, cela ne concerne que les chauffeurs du Royaume-Uni, mais il est probable que cet accord fasse tache d’huile. Et que le même type de règles s’applique demain à Ubereats, Deliveroo et tous les autres, qui emploient d’innombrables livreurs indépendants sillonnant les villes. Surtout en ces temps de confinement.
Derrière Uber le méchant capitaliste, il y a un autre personnage, encore plus tyrannique. C’est lui qui a profité de cette forme d’emploi sauvage, payé à la tâche. C’est lui qui veut une flexibilité sans limite : le consommateur. Et c’est lui qui, finalement, est visé par le jugement de la cour suprême.
Nous sommes tous devenus ainsi, impatients dans la satisfaction de nos désirs de consommation. Nous voulons tout, tout de suite. Nos repas commandés bien sûr, mais aussi une voiture pour faire nos déplacements, la réparation de nos appareils, le dépannage de notre ligne internet. C’est du reste l’internet qui nous a habitués à cela : en un click, tout est accessible sans délai. Il nous faut désormais le même temps de réponse pour l’économie physique. D’où une injonction de flexibilité totale à nos prestataires de services comme Uber. Je veux tout, tout de suite, au moment où je le souhaite, moment par définition imprévisible.
Oui, ou plutôt son prix. Jusqu’ici, quand le consommateur exige de la flexibilité vis à vis d’Uber et d’autres, ceux-ci la refacturent en quelque sorte à leurs chauffeurs, sous la forme d’emploi précaire. Il est probable que désormais, le rapport de forces va s’inverser. Les chauffeurs étant mieux protégés, la plateforme va cette fois-ci refacturer les couts supplémentaires qui en découlent… au consommateur. Autrement dit, c’est nous qui allons régler les congés payés des livreurs, et ce n’est pas aberrant.
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