Pourquoi LVMH et Airbus empruntent moins cher que l'État français

Phénomène incroyable, relevé sur les marchés financiers par la banque américaine Goldman Sachs : le taux d’intérêt auquel empruntent certaines grandes entreprises françaises est plus bas que le taux auquel l’état français lui-même emprunte. Il s’agit du groupe de luxe LVMH, de l’avionneur Airbus ou du fabricant de cosmétique l’Oréal.

Autrement dit, la signature de Bernard Arnault, le patron de LVMH, est plus crédible, aux yeux des prêteurs, que celle de notre ministre des Finances. Ces prêteurs considèrent qu’il y a un peu plus de chance d’être remboursé quand on prête à une multinationale française que quand on prête à Bercy. Il y a encore quelques mois, LVMH devait s’endetter à un taux supérieur à celui de l'État, ça s’est inversé.

C’est sans précédent sur les dernières décennies, selon le Financial Times, qui rapporte les observations de Goldman Sachs. En principe, il n’y rien de plus solide qu’un État. Surtout l’État français, qui date quand même de quelques siècles, qui possède l’un des meilleurs taux de recouvrement des impôts au monde. Alors qu’une entreprise est plus éphémère, parce qu’elle est par définition davantage exposée au risque, ne pouvant que vendre ses produits et non pas lever des taxes.

Les périodes d'instabilité sont coûteuses pour les entreprises

La mauvaise gestion financière de la France des dernières années, la montée de la dette, sanctionnée une nouvelle fois vendredi soir par la dégradation de notre note financière par l’agence Fitch, le tout couplé à une instabilité politique qui jusqu’ici interdit qu’on réduise le déficit.

C’est une bonne nouvelle pour les entreprises les plus solides, celles qui sont largement internationalisées. Il y a aujourd’hui 80 entreprises dans la zone euro qui empruntent moins cher que l’État français. En revanche, ces périodes d’instabilité sont coûteuses pour les entreprises plus fragiles, souvent centrées sur la France, qui, elles, voient leur taux d’intérêt augmenter.

Les difficultés financières de la France provoquent une différenciation des emprunteurs, selon le niveau de risque et leur exposition économique à la croissance française.

La France a-t-elle déjà fait faillite ?

Après la Révolution française, en 1797, la France a fait faillit et les deux tiers de la dette ont été purement et simplement répudiés, c’est-à-dire annulés. Depuis, il n’y a pas eu de faillite au sens propre, mais des faillites partielles et déguisées, avec les dévaluations.

En 1926, pour liquider les dettes de la première guerre, Poincaré dévalue le franc de 80%, ce qui réduit considérablement la dette publique. On utilise la même technique après la seconde guerre mondiale. Une technique aujourd’hui inaccessible puis la France utilise une monnaie qui ne lui appartient pas, l’euro.

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