Nutri-Score : pourquoi la ministre de l'Agriculture bloque-t-elle sa nouvelle mise en vigueur ?

Il y a de quoi être en colère contre la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, en raison de ses hésitations et tergiversations autour du Nutri-Score. Pour rappel, le Nutri-Score classe les produits de A à E, du vert au rouge, selon leurs valeurs nutritionnelles. 

Mis en place en 2017, il était prévu que les règles changent l'année dernière avec un mode de calcul plus sévère et objectif. Par exemple, des céréales pour petit déjeuner, plus riches en sucre et en matières grasses qu'une tranche de pain, ne pourraient plus afficher un Nutri-Score A. Il ne manquait que la signature de l'arrêté par la ministre pour que ce nouveau Nutri-Score entre en vigueur. Or, Annie Genevard a récemment avoué aux sénateurs qu'elle bloquait la signature de cet arrêté. 

Un Nutri-Score adapté urgent pour faire face à une épidémie d'obésité

Voilà de quoi se mettre en colère. On peut déplorer que les intérêts particuliers prennent le pas sur l'intérêt général. L'intérêt général, c'est de sensibiliser les consommateurs au lien entre nutrition et santé, un lien scientifiquement documenté. Près d'un Français sur deux est aujourd'hui en situation de surpoids, dont 18% en obésité. 

Ce chiffre a doublé en 30 ans, ce qui montre clairement que nous avons besoin d'aider les consommateurs et de corriger le Nutri-Score si nécessaire.

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Si nous avons tenté d'inviter Annie Genevard à s'exprimer sur le sujet, celle-ci a estimé que ce n'était pas le bon moment pour elle. On pourrait donc conclure que les intérêts des particuliers ont prévalu sur l'intérêt collectif.

Le lobby de l'agroalimentaire, grand responsable de ce retard

Depuis des mois, le lobby de l'agroalimentaire fait pression sur le ministère pour critiquer les nouvelles règles du Nutri-Score. Rappelez-vous, Danone a même décidé de ne plus afficher le Nutri-Score sur ses yaourts à boire, car la note allait être dégradée en raison du taux de sucre.

De plus, il est important de se rappeler qu'Annie Genevard est une élue du Doubs, le département d'origine du comté, dont les producteurs s'opposent au Nutri-Score en raison de mauvaises notes pour leurs produits.

Certes, le fromage est gras, mais l'important est de le consommer avec modération. La preuve que nous avons besoin de cet indicateur est que la situation du surpoids et de l'obésité a doublé en 30 ans.