ÉDITO - Taxe Zucman : "En économie, il n'existe que des vérités politique", estime François Lenglet

Pourquoi n’arrive-t-on pas à avoir une discussion sereine et à tirer des conclusions claires sur la taxe Zucman ? L'économie n’est pas une science, du moins pas au sens où le sont la physique, la chimie ou la biologie.

La discipline est ce qu’on appelle une "science molle", comme la sociologie. Autrement dit, si la rationalité joue un rôle dans l’explication des phénomènes économiques, elle n’est pas le seul facteur. D’ailleurs, les économistes ne sont jamais d’accord entre eux. Souvenez-vous du débat sur le traité de Maastricht, il y a plus de 30 ans, qui avait déjà déchaîné les passions, ou encore des discussions sur la réforme des retraites. 

Churchill disait d’ailleurs : "Mettez deux économistes dans une pièce, vous aurez toujours deux avis différents. À moins que l’un d’eux ne soit M. Keynes… et là vous en aurez trois."

Certes, il existe chaque année des prix Nobel d’économie, mais ceux-ci sont récompensés pour des travaux très pointus. On les sollicite ensuite sur des sujets qu’ils ne connaissent pas forcément -  la culture des petits pois, pour ainsi dire - et on prend au pied de la lettre leurs prévisions. C’est absurde. La meilleure preuve : il n’existe aucun moyen de réconcilier Milton Friedman, prix Nobel de 1976 et libéral, et Joseph Stiglitz, récompensé en 2001 et partisan d’une intervention massive de l’État. Deux visions de la société inconciliables, mais chacune ayant ses partisans.

Des vérités politiques

En réalité, en économie, il n’existe que des vérités politiques. La taxe Zucman en est une illustration parfaite. Pour ses promoteurs, l’objectif principal est la réduction des inégalités, même si cela engendre des effets collatéraux considérables, comme la disparition de certains entrepreneurs ou de grandes entreprises. Pour eux, l’État peut toujours prendre le relais.

Pour les critiques de la taxe, parmi lesquels je me compte, les effets collatéraux sont tels qu’ils justifient de tolérer des inégalités. L’enjeu est le niveau de richesse, l’inventivité, la capacité à relever les défis technologiques auxquels seul l’entrepreneur peut répondre. L’envie de réussir est un aiguillon vital pour une société. Celui qui travaille, qui a du talent et même un peu de chance, ne doit pas être pénalisé pour avoir sur ses épaules l’avenir collectif.

Cela ne signifie pas qu’il faille oublier la redistribution. Mais avant de redistribuer pour limiter les inégalités, il faut produire la richesse. Et pour cela, l’aiguillon de la réussite est irremplaçable : ce n’est pas une question de science, mais de psychologie. Comme le rappelait un économiste aujourd’hui passé de mode, Dominique Strauss-Kahn : "N’oubliez pas, amis partisans de la redistribution, que Marx a écrit un ouvrage qui s’appelait 'Le Capital' et non 'La Sécurité sociale'."

Ne manquez pas le débat entre Gabriel Zucman et François Lenglet ce mercredi 24 septembre, à 19h15, dans On Refait Le Monde, avec Anne-Sophie Lapix, sur. RTL.

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