Pourquoi y a-t-il un tel écart de niveau de vie entre la Suisse et le Mali ? Qu'est-ce qui fait qu'un pays devient riche, qu'un autre devient pauvre ? Ce sont ces questions auxquelles ont répondu les trois économistes couronnés le 14 octobre par le Nobel d'Économie.
Pendant longtemps, on a cru qu'il y avait une route unique. Que certains arrivaient jusqu'au bout, les pays développés, tandis que d'autres étaient collés au milieu, les sous-développés, mais que finalement la trajectoire était la même. Ce n'est pas du tout le cas, il y a des impasses. Pour comprendre, il a fallu d'abord lutter contre les idées reçues.
La première d'entre elles, c'est que le climat joue un rôle. Par exemple, quand il fait trop chaud, on devient paresseux. C'est ce que nous disait Montesquieu mais ça ne tient pas. L'un des pays les plus chauds au monde, Singapour, est l'un des plus prospères, autant que la Norvège. Une autre idée reçue, la religion. Max Weber associait les pays protestants au culte du travail. L'Espagne, le Portugal, l'Italie, des pays catholiques, ont été chacun maître du monde.
Les situations géographiques ne sont pas nécessairement favorables au développement. La Corée, qui est coupée en deux pour des raisons politiques depuis 1953, en est l'exemple parfait. Au nord, c'est le Moyen Âge, avec un régime où on mange des racines, où il y a des famines. Au sud, c'est l'un des pays les plus développés au monde.
La démocratie fournit-elle le meilleur cadre de développement ? Daron Acemoğlu, Simon Johnson et James A. Robinson expliquent ainsi qu'au Royaume-Uni, la révolution industrielle n'aurait jamais eu lieu s'il n'y avait pas eu de révolution politique avant. Cette révolution avait amoindri le pouvoir de l'aristocratie. Cette dernière n'avait pas du tout intérêt au développement de l'industrie car cela permettait à une nouvelle élite, la bourgeoisie, de s'affirmer et cela faisait baisser la valeur des terres.
Le système politique n'est pas l'unique critère. La Chine, par exemple, est la médaille d'or de la croissance depuis un quart de siècle, et on ne peut pas dire que ça soit une démocratie. Pour les prix Nobel, la clé de la croissance c'est la garantie des droits de propriété qui assurent que l'on touchera bien le fruit de son travail et qui incite à travailler, à investir et à épargner.
Une garantie de propriété qui n'est généralement pas possible sans un État de droit qui permet de se défendre contre le bon vouloir des élites. C'est le point commun entre le système soviétique, les hommes préhistoriques du néolithique et la société maya. Toute la richesse créée était prélevée par une élite, ce qui a fait plafonner la croissance, faute d'incitation pour les autres.
À la base du développement, il y aurait donc le droit inaliénable de profiter de son travail et l'État de droit qui protège contre la prédation des élites. À partir de ce socle, les individus travaillent, ils éduquent leurs enfants, ils investissent, ils innovent, et c'est ça le développement.
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