1. Accueil
  2. Actu
  3. Politique
  4. Qui est Gabriel Zucman, l'économiste français qui veut taxer les patrimoines des plus riches ?

4 min de lecture

Qui est Gabriel Zucman, l'économiste français qui veut taxer les patrimoines des plus riches ?

La taxe Zucman s'est imposée dans le débat politique sur le budget 2026. Régulateur d'une injustice fiscale ou symbole d'"une forme de spoliation", cet impôt est au cœur des lignes rouges défendues par le Parti socialiste.

Gabriel Zucman, le 1er juin 2021

Crédit : François WALSCHAERTS / AFP / POOL

Marie-Pierre Haddad

Je m'abonne à la newsletter « Politique »

"Les milliardaires français ne paient quasiment pas d'impôt sur le revenu". Gabriel Zucman le martèle depuis plusieurs mois : le gouvernement doit instaurer une taxe à destination des foyers dont le patrimoine excède 100.000 euros. À tel point que cette mesure porte désormais son nom : la taxe Zucman. Elle vise à instaurer un impôt plancher sur les patrimoines des plus aisés à hauteur de 2%. Elle permettrait, selon ses calculs, de rapporter à l'État des sommes "considérables" "de l’ordre de 20 milliards d’euros par an de recettes fiscales supplémentaires", peut-on lire dans un long message adressé à Sébastien Lecornu sur X.

La taxe Zucman est l'une des mesures fermement défendues par le Parti socialiste dans son contre-budget. "En huit ans, les grandes fortunes ont vu leur patrimoine doubler. C'est la raison pour laquelle nous sommes arrivés avec ce contre plan, en expliquant vouloir mettre en place la taxe Zucman", défendait au micro de RTL le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, rappelant qu'en France, cette mesure ne concernerait "que 1.800 personnes".

La chute du gouvernement Bayrou, la nomination de Lecornu à Matignon et la situation politique instable n'ont pas découragé Gabriel Zucman qui multiplie les interpellations numériques à destination de ses détracteurs. Décrit comme "une sorte de Zorro des temps modernes" par Le Nouvel Obs et d'"économiste qui a marabouté les socialistes français" par L'Express, qui est Gabriel Zucman ?

"Un enfant de la crise financière" de 2008

Cet économiste de 38 ans est né à Paris. À 21 ans, il a commencé à travailler au sein de la société d'investissement Exane. Un début de carrière qui coïncide avec le jour de la faillite de Lehman Brothers, en 2008, souligne 20 Minutes. Ce hasard du destin a marqué Gabriel Zucman qui se définira par la suite comme "un enfant de la crise financière". 

À écouter aussi

L'économiste racontait alors avoir "commencé à regarder des statistiques macro-économiques sur les flux d'investissement internationaux". "On voit des centaines de milliards de dollars qui passent dans les Îles Caïmans, les Bermudes, Singapour, le Luxembourg...", notait-il auprès de Franceinfo. "Je voulais comprendre ce qui est légal, ce qui est illégal, quelles sont les conséquences pour la stabilité ou l'instabilité financière. Ou pour les inégalités : est-ce qu'on sous-estime l'évolution des inégalités, ou pour l'évasion fiscale. C'est ça qui a été le moteur", expliquait-il.

Le tournant du G20

Onze ans plus tard, il a publié avec Emmanuel Saez, le livre Le triomphe de l'injustice où il traitait le cas des États-Unis. D'emblée, le ton du livre était donné : "Pour la première fois depuis plus d'un siècle, les milliardaires américaines paient moins d'impôts, en proportion de leurs revenus, que chacun des autres groupes sociaux". Dès 2011 donc, Gabriel Zucman y évoquait les pistes à mettre en place afin de taxer les foyers les plus aisés et les grandes entreprises


Devenu directeur de l'Observatoire européen de la fiscalité qu'il a créé en 2022, Gabriel Zucman a défendu son idée de taxe des patrimoines des plus aisés à l'échelle internationale. En effet, en juin 2024, il a rendu un rapport, commandé par le Brésil qui présidait le G20, sur la nécessité de taxer les milliardaires à 2% minimum à l'échelle mondiale, comme le souligne Franceinfo. La France avait alors soutenu sur le principe cette taxe, à condition qu'elle s'applique mondialement.

Lors de la primaire démocrate de 2020, Gabriel Zucman fait le pari fou de proposer une sorte d'ISF outre-Atlantique. Il obtient ainsi l'oreille des candidats Bernie Sanders et d'Elisabeth Warren. "Après de longues années à essayer d’améliorer les outils statistiques pour mesurer les inégalités et comme j’ai été confronté à San Francisco au fossé délirant qui sépare les milliardaires de la tech des milliers de sans-abri, je me suis radicalisé. Je n’ai jamais été encarté, mais j’ai voulu formuler une proposition crédible et opérationnelle pour répondre à la hauteur du défi des inégalités, si possible partout dans le monde !", défend Gabriel Zucman.

Le "budget Zucman"

Au cœur de l'été, sept prix Nobel d'Économie ont publié une tribune dans Le Monde appelant à la mise en place de la taxe Zucman. "Avec l’impôt sur les ultrariches, la France peut montrer la voie au reste du monde", plaidaient-ils. 

En France, la gauche s'intéresse aux travaux de celui qui est professeur à l'université de Berkeley, aux États-Unis. "Rien qu’avec ces deux mesures, l’État pourrait récolter 26 milliards d’euros. On pourrait presque faire un 'budget Zucman' !", lance le président de la commission des Finances à l'Assemblée et député insoumis, Éric Coquerel, au Nouvel Obs

Au Parti socialiste aussi, Gabriel Zucman a son rond de serviette : l'économiste était invité du bureau national du parti début septembre. "Gabriel est un pur chercheur, qui préfère les tableurs Excel aux vidéos Instagram, mais il a assumé de s’exposer pour défendre ce en quoi il croit", indiquait à l'hebdomadaire Pierre Natnaël Bussière, ami de Zucman et ancien stratège de Raphaël Glucksmann.

Une mesure autour de laquelle se cristallise le débat politique

En réponse aux arguments de la gauche et juste avant sa chute, François Bayrou alertait sur le risque d'inconstitutionnalité. Cependant, il évoquait la possibilité de recourir à une "contribution de solidarité des plus hauts revenus", qui concernerait les revenus et non pas le patrimoine. L'idée fait son chemin puisque le gouverneur de la Banque de France, Villeroy de Galhau, se disait favorable, dans les colonnes du Parisien, à des mesures sur les hauts patrimoines. 

Si certains plébiscitent l'idée d'une taxe Zucman, d'autres alertent sur les risques pour les licornes, ces start-ups valorisées à plus d'un milliard de dollars. Dans Les Échos, le fondateur de Mirakl, une licorne française spécialisée dans les places de marché en ligne, Philippe Corrot, met en garde : "La taxe Zucman est un piège mortel qui détruira la French Tech et son 1,3 million d'emplois". Le patron du Medef, Patrick Martin, a dénoncé "une forme de spoliation" dans la taxe Zucman.

La rédaction vous recommande
À lire aussi

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

S’abonner à la Newsletter RTL Info

En Direct

/

Bienvenue sur RTL

Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur

Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.

Bienvenue sur RTL

Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio

Je crée mon compte