Comment lutter contre l'inflation ? Bruno Le Maire a demandé aux industriels de l'agro-alimentaire et à la grande distribution de nouvelles négociations commerciales, pour faire baisser les prix dans les magasins. En effet, l'inflation continue de grimper pour l’alimentation, avec une hausse de 15,8 % en mars, sur un an.
Pourtant, le coût de l’énergie a baissé, tout comme celui du transport et le blé a perdu 15 % depuis deux mois, ainsi que 35 % pour l’engrais. Ce constat s'applique aussi pour la plupart des matières premières, ce qui explique le souhait du ministre de l'Économie de voir ces baisses répercutées sur le panier du consommateur. Il demande aux frères ennemis, grande distribution et industriels, de renégocier les prix de vente en tenant compte de ce changement de conjoncture.
En France, les prix ne sont pas recalculés automatiquement, puisqu'il y a des négociations qu’une fois par an et qui doivent être conclues au 1er mars de chaque année. Ça ne vaut pas pour les produits frais, qui sont réajustés en permanence. Concrètement, les industriels et les distributeurs font des profits supplémentaires sur le dos du consommateur.
Un rapport de l’Inspection générale des Finances qu'au second semestre de cette année, l’excédent d’exploitation des industries de l’alimentaire, soit leurs profits avant impôts, a bondi de 50%. Ils ont donc comblé leur retard accumulé depuis 2019. Quant à l’excédent des agriculteurs, il était supérieur de 27% à celui de 2019. Le commerce lui-même aurait également augmenté ses marges selon l’IGF, mais dans une proportion nettement plus faible.
Tout le monde s'est remplumé et c'est le consommateur qui a payé. Certaines marques comme Procter, Gamble, Ariel, Pampers ou Gillette ont fortement augmenté leurs profits et les dividendes versés aux actionnaires en 2022, grâce à la hausse de leurs tarifs. Pour Procter, sur presque 80 milliards de chiffres d’affaires en 2022, 20 milliards sont partis chez les actionnaires, donc les profits ont été considérables en cette année d’inflation.
Il faut effectivement protéger les producteurs, surtout les petits, les agriculteurs, les éleveurs, dont on voudrait faire augmenter les revenus. Certaines lois servent ce but, comme les lois Egalim, et tout récemment, la loi Descrozailles, qui va jusqu’à limiter les promotions que peuvent faire les commerçants sur les produits d’entretien et d’hygiène. Ces initiatives innombrables ont été des causes supplémentaires d’inflation. Malheureusement, on ne peut pas protéger tout le monde en même temps. Producteur ou consommateur, il faut choisir.
Pour protéger les consommateurs, il faut donc rouvrir les négociations, comme ce qui avait été fait l’année dernière, à la demande des industriels. Les coûts explosaient, avec ce qu’on a