ÉDITO - François Lenglet explique pourquoi la natalité italienne est en berne

Notre voisin l'Italie connaît un véritable krach démographique. En effet, il y a eu l’année dernière 393.000 naissances en Italie, c’est le chiffre le plus bas depuis la fondation de la république transalpine, en 1861. Et c’est un nombre qui diminue chaque année, alors que les décès, eux, sont deux fois plus nombreux. Le pays a perdu 200.000 habitants en 2021, et 400.000 en 2020, année du Covid, où les décès ont bien sûr été anormalement élevés. C’est comme si l’Italie avait perdu Venise en 2021, et Bologne en 2020. Sur dix ans, 1,3 million d'italiens ont disparu. C’est l’équivalent de la population de Milan.

L'immigration ne compense pas ce déclin démographique, car dans le même temps l'Italie est redevenue un pays d'émigration. En plus du solde naturel négatif, quelque 150.000 personnes quittent chaque année le pays pour aller vivre à l’étranger. Des jeunes en particulier, faute de perspective professionnelle. Plus on descend dans le sud du pays, plus l’émigration est forte. Au nord, assez prospère, la population n’a que peu baissé. Alors que dans le sud et dans les îles, Sardaigne et surtout Sicile, le nombre d’habitants a diminué de 3 à 4% sur dix ans.

Une situation économique fragile

Le pays se vide. Et de surcroit, il se vide d’actifs, en proportion plus diplômés que la population générale. À ce rythme, en 2050, ce n’est pas si lointain, l’Italie comptera un actif pour un retraité. Autant dire qu’il faudra une méga réforme des retraites pour équilibrer les comptes.

Avec 1,3 enfant par femme, les Italiens ont l’un des indices de fécondité les plus bas au monde. Difficulté à concilier maternité et vie professionnelle, faible nombre de places de crèches - c’est seulement 24% du nombre de naissances -, tout cela joue. Sans compter la situation économique. Depuis 20 ans, le PIB du pays n’a progressé que de 4% au total, là encore avec une forte différence entre le nord, qui mène sa barque, et tout ce qui est en dessous de Rome, qui s’effondre. Krach démographique et krach économique se conjuguent. Et à cela s’ajoute la dette.

Les conséquences sur la vie politique

Je constate que les pays les plus vieux, l’Italie et le Japon, sont aussi les plus endettés. Soit l’endettement dissuade en effet les ménages de procréer, parce qu’ils s’inquiètent du futur. Soit un pays qui n’a plus d’horizon faute de jeunes est plus enclin à vivre à crédit parce qu’il est indifférent à l’avenir.

Tout cela n’est pas sans conséquence sur la vie politique. L’extrême-droite, au pouvoir, n’a de cesse que de rappeler le passé glorieux du pays, c’est le propre d’un pays en déclin. Il est hostile aux nouvelles technologies. Pas plus tard que la semaine dernière, le gouvernement a interdit l’intelligence artificielle. Auparavant, il avait fait voter une loi qui punit de 100.000 euros d’amende l’usage de mots anglais dans les publicités. Refus de la nouveauté, repli identitaire, croissance zéro, déclin démographique, l’Italie est en train de sombrer.