Les pénuries de médicaments se multiplient en France. Une situation particulière, puisque manquent à l'appel des pharmacies le Doliprane et autres dérivés du paracétamol, mais aussi certains médicaments à base de pénicilline comme l’Amoxicilline ou l’Augmentin, pour les enfants. Mais encore les traitements contre le diabète, des antidépresseurs et des produits pour lutter contre l’asthme.
Selon l’agence nationale de sécurité du médicament, l’ASNM, les ruptures d’approvisionnement touchaient 12,5% des références en août dernier, contre seulement 6,5% il y a un an. Une situation qui a de graves conséquences sanitaires. 45% des personnes confrontées à ces difficultés ont été contraintes de différer leur traitement, de le modifier ou d’y renoncer. Ce problème ne concerne pas que la France. La situation est similaire au Royaume-Uni, en Allemagne et dans la plupart des pays développés.
La croissance de la demande mondiale excède les capacités industrielles de production. Pour l’Amoxicilline, par exemple, était moins produite, car moins nécessaire pendant l’épidémie, les confinements ayant fortement réduit la diffusion des maladies que ce médicament traite. Le paracétamol est victime d’une demande massive en provenance de Chine, où le virus du Covid fait rage. Pékin a réquisitionné ses usines de médicaments pour servir en priorité le marché chinois.
Alors que les chaines de production se sont mondialisées, il se développe une sorte de nationalisme pharmaceutique qui freine la circulation des produits. Et c’est vrai aussi que les labos se concentrent sur la fabrication des médicaments les plus rentables, en particulier les nouveaux, plus chers, et délaissent parfois les autres.
Le coût tout d’abord. Dans bon nombre de pays comme la France, le prix des médicaments n’est pas libre, il est fixé par l’administration de la sécurité sociale, qui les rembourse. La "sécu" a évidemment tout intérêt à limiter le coût de l’assurance maladie qui pèse sur ses finances, donc elle impose des prix plus faibles.
Ceci incite les industriels à produire dans les pays les plus compétitifs. De plus, la réglementation des usines chimiques – la pharmacie, c’est de la chimie industrielle – est beaucoup plus contraignante chez nous. Du coup, la fabrication des principes actifs les plus courants des médicaments se situe pour 80% en Inde et en Chine.
Nos exportations de médicaments ont suivi la même pente que nos exportations industrielles en général, c’est-à-dire que leur part dans celles de la zone euro a fortement chuté, même si le solde commercial du secteur constitue l’un de nos derniers excédents. Juste après le confinement, le gouvernement a enclenché un plan de relocalisation de 30 produits. Initiative louable, indispensable même pour restaurer la souveraineté du pays dans ce domaine.
Mais c’est un long processus. Il faut six ans pour mettre en service l’usine de paracétamol. Et nous allons faire face à la même difficulté : relocaliser en France, c’est cher. Être souverain ou être économe, il va falloir choisir. On dit souvent que la santé n’a pas de prix, c’est vrai aussi de la souveraineté.
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