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Amoxicilline : 3 questions sur la pénurie de médicaments

INVITÉ RTL - Selon le ministère de la Santé, la pénurie d'Amoxicilline devrait encore durer plusieurs semaines. L'économiste Frédéric Bizard explique sur RTL comment la situation s'est autant dégradée.

L'amoxicilline est de loin le médicament qui est concerné par la pénurie
L'amoxicilline est de loin le médicament qui est concerné par la pénurie
Crédit : Charly TRIBALLEAU / AFP
Amoxicilline : 3 questions sur la pénurie de médicaments
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Jérôme Florin - édité par Florine Boukhelifa

Alerte rouge dans les pharmacies. La pénurie d'Amoxicilline, l'antibiotique le plus prescrit en France contre les infections bactériennes, notamment chez les enfants, devrait durer encore plusieurs semaines, selon le ministère de la Santé. Pour mieux comprendre comment la situation s'est dégradée à ce point, Frédéric Bizard était l'invité de RTL mardi 20 décembre.

Sur l'origine de cette pénurie, l'économiste spécialiste des questions de protection sociale et de santé explique que cela est dû à un pic de la demande, lui-même "lié à un épisode de bronchiolites qui a été particulièrement précoce et aigu, et qui a entraîné une surconsommation de l'Amoxicilline". Cependant, celle-ci s'inscrit également dans un contexte plus global. "On a un problème de fond sur la disponibilité des médicaments depuis plusieurs années, puisque 40% des Français ont déjà expérimenté une pénurie", indique-t-il.

La pénurie pouvait-elle être anticipée ?

Selon Frédéric Bizard, la pénurie d'Amoxicilline n'aurait pas pu être anticipée étant donné le caractère virulent de l'épidémie de bronchiolite. Néanmoins, "on a un problème de gouvernance de la production de médicaments en France (...) et d'anticipation de façon générale", assure-t-il. Les producteurs font ainsi leurs propres prévisions selon leur propre marché en s'appuyant sur les deux années précédentes.

Alors que 2020 et 2021 ont été particulièrement basses au niveau de la consommation de médicaments, les besoins pour 2022 n'ont pas été anticipés. "On avait sous-évalué les besoins de production" pour cette année, indique ainsi l'économiste. "Il faut savoir que les cycles industriels sont longs, donc avec un pic de la demande qui n'a pas été anticipé, on se retrouve forcément avec une pénurie sur le court terme. Augmenter la cadence de la production prend du temps", détaille-t-il.

Pourquoi y a-t-il de moins en moins de médicaments ?

Entre 2016 et 2021, le nombre de médicaments manquants a été multiplié par cinq. Un phénomène lié au manque d'anticipation, donc, mais aussi aux prix exceptionnellement bas pratiqués en France. Ainsi, sur les dix dernières années, "il y a eu une baisse de 3,5% du prix du médicament mature", explique Frédéric Bizard. Des tarifs bas sont une bonne nouvelle pour les consommateurs, mais pas pour les producteurs.

"Le prix est un signal en matière de production, affirme l'économiste, et cela devient de moins en moins attractif pour les laboratoires de produire en France et de distribuer en France". Résultat, le pays "passe souvent après d'autres États en matière de distribution et ça c'est un phénomène qui devient extrêmement problématique pour la santé publique" détaille-t-il. Selon lui, près de 3.000 molécules sur 12.000, soit un quart, pourraient manquer dans les pharmacies françaises en 2023.

Des solutions existent-elles ?

Actuellement, d'après l'économiste, "à peu près 50% des besoins normaux sont fournis". Il y a donc du rationnement dans les pharmacies, mais cela ne peut être qu'une solution à court ou à moyen terme. Mais pour une amélioration plus significative de la situation, Frédéric Bizard évoque deux pistes.

Selon lui, il faudrait ainsi "élever le prix de vente des médicaments matures pour redonner un signal prix positif", mais aussi une meilleure anticipation des besoins. "L'ensemble des parties prenantes doit garantir qu'il y a bien une adéquation entre l'offre et la demande", dit-il. Pour cela, il appelle à la création d'un observatoire des besoins de produits de santé afin d'avoir une vision globale sur les marchés.

"On a une faible visibilité des besoins et de l'offre existante. Il faut remettre ça à niveau et qu'il y ait une coopération, une fluidité plus importante entre les parties prenantes"

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