ÉDITO - Michel Barnier à Matignon ? "Un Premier ministre soporifique serait formidable", selon Étienne Gernelle
Dans son édito du 5 septembre, Étienne Gernelle se félicite de la perspective de Michel Barnier à Matignon. Pour le directeur du Point, celui qui a négocié le Brexit pour l'Europe serait le candidat idéal pour redresser les comptes de la France.
Il faut rester prudents, en général, mais encore plus dans le contexte de la tragi-comédie de ces derniers jours. Michel Barnier, c’est une hypothèse intéressante parce que précisément, sitôt son nom sorti, on a entendu des bâillements appuyés. Barnier serait, pour beaucoup, le somnifère en chef.
Ce qui n’est d’ailleurs pas faux. Par exemple, François Fillon, qui n’est pas exactement un comique, le trouvait trop sérieux quand il l’avait dans son gouvernement. On pourrait penser que c’est formidable d’avoir un Premier ministre soporifique.
D’abord, ce sont en grande partie les flamboyants qui flambent l’argent public. Ce sont pour beaucoup les esbroufeurs qui ont creusé le gouffre de la dette.
C’est l’un des drames de la monarchie républicaine française, vous savez, ces présidents légèrement égotiques qui aiment dire "je débloque tant d’argent pour", "j’ai décidé d’octroyer une aide de tant de millions pour". Je brûle de l’argent, donc je plais. Je dépense, donc je suis.
La nécessité d'avoir un Premier ministre sévère
À l'inverse, Barnier ajoute à son aspect un brin sévère une forme de psychorigidité qui a été très utile. Michel Barnier fut, on s’en souvient, le négociateur de l’Union européenne pour le Brexit. Il a eu en face de lui Boris Johnson, esbroufeur s’il en est.
Eh bien, il a tenu bon. Connaisseur pointilleux et obsessionnel des dossiers, il disait en substance :"les textes disent que ce n’est pas possible, ce n’est pas possible." Les Britanniques se sont fatigués avant lui. Il a maté Boris Johnson.
On pourrait se dire que pour réconciliation les Français, il faudrait un Premier ministre qui emporte les cœurs. Dans les faits, surtout pas ! Du rêve au charlatanisme, il n’y a qu’un pas. Le rêve qu’on nous a vendu ces dernières années, allons-y ces dernières décennies, c’est celui de l’argent magique, des déficits infinis.
Alors si cela finit vraiment avec Barnier, Macron non plus ne va pas rire. Car il ne sera pas docile. Et là-dessus, si Macron est contrarié, beaucoup de gens peuvent se réconcilier.
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