Coronavirus : "Pour la Bourse, l'épidémie est terminée", dit François Lenglet
ÉDITO - Tandis que la pandémie de coronavirus a mis à mal l'économie mondiale, la Bourse s'en sort quant à elle plutôt bien, avec des chiffres records.

C'est la fête à la Bourse. Celle-ci est entrée dans l'ère des grands nombres. En effet, avant hier, c'est l'indice américain Dow Jones qui franchissait le seuil sans précédent de 30.000 dollars. Le même jour, Tesla, le fabricant californien de voitures électriques, dépassait les 500 milliards de dollars de valeur boursière, soit vingt-cinq fois Peugeot Citroën, et près de cinquante fois la valeur de Renault.
Et encore un record hier, le Bitcoin, cette monnaie électronique, approchait le cap des 20.000 dollars, après une hausse de 75% en trois mois. Et en France, on a récupéré de belles miettes de ce mouvement initié par l'Amérique puisque le CAC 40, qui mesure la performance de quarante grandes entreprises françaises, a pris 22% depuis fin octobre.
En réalité, on a du mal à s'y retrouver : l'économie mondiale est ravagée, mais la Bourse bat des records. En fait, pour la Bourse, l'épidémie de coronavirus est terminée, c'est du passé. Avec l'arrivée prochaine des vaccins bien sûr. De plus, les investisseurs se félicitent également de l'issue de la crise politique américaine, avec le fait que Donald Trump ait reconnu sa défaite et accepte d'organiser la transition avec le démocrate Joe Biden.
Cerise sur leur gâteau doré, Biden vient d'annoncer qu'il nommait au Trésor, c'est à dire au ministère de l'Économie des États-Unis, Janet Yellen, une femme qui a dirigé la banque centrale américaine et qui est considérée comme compétente. Plus de virus, plus de Trump, les affaires reprennent.
Tesla est l'une des rares entreprises à vendre le rêve vert
Concernant Tesla, qui vaut plus de 500 milliards, revenons sur quelques chiffres. Tout d'abord, il faut savoir que Tesla vaut deux fois plus que notre géant du luxe LVMH, qui est la plus grosse entreprise du CAC 40. Si l'on reste dans le secteur auto, Tesla c'est 25 fois plus que Peugeot, alors qu'il fabrique et vend 7 fois moins de voitures.
C'est-à-dire qu'en réalité, une voiture fabriquée par Tesla est valorisée, à la bourse, 160 fois plus qu'une Peugeot ou qu'une Citroën. Certes, Tesla ne fabrique pas que des voitures, c'est devenu aussi un géant de la production de batteries, mais l'écart est impressionnant.
En effet, on dit que la bourse c'est le temple des regrets, mais c'est aussi le temple des espoirs, parfois délirants. La bourse achète le futur, des promesses de business et de profits futurs. Ensuite, il y a une mode Elon Musk, le fondateur de l'entreprise, qui est considéré comme un dieu vivant par les entrepreneurs de la Silicon Valley, en raison de ses réussites.
De plus, les investisseurs qui veulent mettre de l'argent dans le business des voitures de demain, électriques, n'ont pas beaucoup de choix à leur disposition. Tesla est l'une des rares entreprises à vendre le rêve vert, et elle le fait payer très, très cher. Son cours a été multiplié par six en 2020, et sur les huit derniers jours elle a vu sa valeur progresser d'un tiers.
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