À cause de la crise sanitaire, la SNCF va subir de très fortes pertes cette année. L'entreprise transporte en TGV 3.000 personnes par jour en ce moment, contre 300.000 en temps normal : le trafic voyageur a été divisé par cent. Le nombre de trains, lui, est un peu plus important, 7% des TGV circulent, parce qu’en fait ils ne sont pas pleins. Désormais, un siège sur deux est vide, pour maintenir la distance entre les voyageurs.
Conséquence, l’entreprise ferroviaire a perdu 2,1 milliards de chiffre d’affaires en mars et avril. Un régime maigre qui va se prolonger jusqu’au 11 mai. Au total, le confinement devrait amputer le chiffre d’affaire de près de 3 milliards d’euros.
Le trafic devrait reprendre de façon très progressive, et les trains ne seront remplis qu’à 50%, toujours la distanciation, pour une période indéfinie. Quant aux trains de la vie quotidienne, transiliens et TER, le trafic complet ne sera rétabli complètement qu’à la fin du mois de juin.
Comme les charges fixes de la SNCF sont énormes, toute réduction des ventes se traduit à peu près mécaniquement par autant de pertes. Il faut donc s’attendre à des pertes de plusieurs milliards d’euros cette année, après 800 millions d’euros de pertes l’année dernière, à cause de la grève contre la réforme des retraites.
Et après un exercice 2018 tout juste à l’équilibre, à cause là encore d’un milliard de manque à gagner causé par une autre grève, contre la réforme de l’entreprise.
Par de la dette supplémentaire. L’entreprise a contracté un peu plus d’un milliard d’emprunt sur les marchés, il va falloir poursuivre. Et une recapitalisation de la SNCF est inévitable, à terme. L’actionnaire unique, c’est l’État, c’est donc l’État qui va remettre au pot. Les discussions à ce sujet vont commencer. Pour atténuer les pertes, l’entreprise va couper dans ses investissements, tâcher de réduire ses coûts et réduire les recrutements. Mais les marges ne sont pas infinies.
Pour l’avenir, il subsiste un débat. Si les masques sont obligatoires dans les trains, et ils le seront, y aura-t-il besoin de conserver une distance aussi importante ? Ça dépendra bien sûr de l’évolution de l’épidémie. On peut imaginer que dans une France où le virus serait sous contrôle, les voyageurs pourraient être masqués et se trouver côte à côte. De plus, la SNCF va peut-être voir la demande augmenter sur les TGV, avec la suppression probable de lignes aériennes intérieures, à cause du plan de restructuration d'Air France.
Plusieurs facteurs ont joué. D’abord l’arrivée d’une nouvelle direction, qui a suspendu les réorganisations en cours pour les réévaluer, avec les syndicats. C’est le privilège des nouveaux patrons que de pouvoir reprendre la main et calmer le jeu.
Et puis l’opération "Chardon", le transport de malades en réanimation par TGV, proposée par la SNCF elle-même pour éviter la surcharge des hôpitaux, a renforcé le sentiment d’appartenance au service public du train. 200 malades en réanimation ont ainsi été sauvés, de nombreux cheminots se sont portés volontaires pour faire partie des convois.
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