"Un énorme cratère dans son dos, rempli d'asticots" : chirurgien, il raconte ses cas les plus troublants

Chaque jour, Aurélien, chirurgien viscéral, opère entre "10 et 12" patients. D'une simple ablation de la vésicule biliaire à un cancer du colon ou de l'estomac, les interventions sont nombreuses et variées. En plusieurs années de métier, le jeune homme s'est forgé un véritable carnet d'anecdotes. Au micro de Faustine Bollaert sur RTL, il se livre sur ses souvenirs les plus marquants. 

A l'époque, le chirurgien est en échange inter hospitalier à Tahiti pour son inter-CHU. Un matin, il reçoit un appel. Au bout du fil : un homme s'inquiète pour son ami. "Il retrouvait des asticots dans son dos, dans son caleçon...", explique Aurélien. Un de ses copains finit par alerter les médecins. La situation alarme immédiatement Aurélien. Mais problème, le Tahitien refuse de se déplacer. "Les Tahitiens qui habitent très loin de Tahiti, ils ne veulent pas y aller, ils ne veulent pas se faire soigner. Ils vivent comme il y a 50 ans. De pêche, d'agriculture... ", explique-t-il. 

Le chirurgien, préoccupé par la situation, décide de faire le déplacement. Lorsqu'il arrive sur place, et qu'il députe l'examen du patient, ce qu'il découvre est répugnant. "Quand on a soulevé le t-shirt, on a vu un énorme cratère dans son dos, avec la colonne vertébrale à nu, et des asticots qui pullulaient, en train de ronger tranquillement ses chairs depuis des années". L'homme était atteint d'un cancer bénin depuis un moment, mais ne l'ayant jamais traité, celui-ci était en train de ronger sa chair. "Peut-être qu'une mouche est venue pondre un œuf là-dedans. Et puis, les asticots, ce sont les mêmes qu'on peut retrouver dans nos poubelles, qu'on n'a pas sortis depuis un mois".

Mais comment a-t-il fait pour ne jamais s'en rendre compte ? C'est simple, "c'est indolore", indique Alexandre avant de poursuivre son explication : "je pense qu'il a dû s'adapter à l'odeur au fur et à mesure du temps". Outre l'odorat, il y a bien sûr la vue. Mais l'homme, vivant dans une petite hutte, sans miroir, ne pouvait pas voir son dos.

Cependant, à force d'attendre, les vertèbres étaient en train de se découvrir, mettant en danger la vie du pêcheur. Alexandre décide quand même de le rapatrier sur Tahiti pour lui administrer des soins sommaires. Pour le soigner de façon optimale, il faudrait le faire venir en France, mais l'homme refuse. "Après, on l'a laissé repartir avec des soins (...) C'est très frustrant, mais ce n'est pas la première situation où, malheureusement, on ne peut pas soigner tout le monde et on ne peut pas faire notre maximum", soupire Alexandre.

Après les asticots, les dents de la mer

Toujours en Polynésie française, Aurélien se souvient de ces deux chasseurs apnéistes haïtiens, qui avaient l'habitude de descendre à des profondeurs extrêmes. "5 à 10 mètres en apnée avec des grandes palmes pour se stabiliser dans le fond pendant 2 à 3 minutes et se fonder un peu avec la flore et la faune", raconte le chirurgien. 

Mais un jour, alors qu'ils ont harponné un poisson perroquet, les deux hommes se font prendre en chasse par un requin. "Un grand gris de plus de 2 mètres est arrivé pour choper le poisson. Sauf qu'au lieu de lâcher son harpon, le deuxième a dégainé une deuxième flèche sur le requin. Il l'a très mal pris", euphémise-t-il. Le requin entre alors dans une frénésie meurtrière et mord le bras de l'un des deux apnéistes. "L'autre, voyant la scène, pour éviter que le requin ne lui arrache et ne désarticule au niveau de son bras, s'est enroulé autour du requin pour l'immobiliser", retrace Alexandre. 

Le 2e homme saisit alors le couteau qu'il a dans sa poche et poignarde frénétiquement la tête du requin, jusqu'à ce qu'il lâche prise. "Ils l'ont remonté tant bien que mal à la surface parce qu'il était quand même encore à 10 mètres en apnée. Le requin est revenu lui faire un petit niaque sur le mollet. Après, il s'est barré", poursuit le médecin. Par chance, le plongeur n'a pas eu de séquelles sur les sections artérielles, souvent synonyme de mort. "Il a saigné, mais pas suffisamment pour mourir avant qu'on ne le prenne en charge", raconte Alexandre. Cette fois-ci, le plongeur s'en est bien tiré !

Parmi les nombreuses anecdotes, Alexandre se souvient aussi d'objets improbables retrouvés à l'intérieur de ses patients. "Un obus de la Première Guerre mondiale !", par exemple, s'exclame l'invité au micro de RTL avant de poursuivre : "ils ont dû vider l'hôpital pour pouvoir l'opérer et faire venir une équipe de déminage". Heureusement, l'obus, démilitarisé, était inactif. "C'est un obus qui a été rendu à un poilu, à l'époque, en cadeau", explique-t-il. Mais après la bonne nouvelle, vient la mauvaise. "Il l'avait mis dans le sens inverse du suppositoire", rendant, de facto, impossible une opération classique. 

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